Les carnets de Jan Muylaert - Les Rambo sur deux roues !

il y a 1 an

L’opinion s’inquiète du nombre de cyclistes morts sur les routes en 2022, qui ne fut jamais si élevé. Mais personne ne parle du comportement indiscipliné de nombreux usagers faibles. Ça ne peut plus durer !

2022 a été une année particulièrement dramatique en termes de sécurité routière en Belgique. 521 personnes ont perdu la vie dans un accident, soit 8% de plus qu’en 2021. Une victime sur trois était un usager faible. 95 cyclistes ont été tués, et 4 conducteurs de trottinette électrique. Le nombre d’accidents impliquant une trottinette a d’ailleurs grimpé de 60%. Il y a eu plus de morts sur la route en Wallonie et à Bruxelles, moins en Flandre, mais le nombre de dégâts corporels augmente dans toutes les régions. Les causes sont diverses et variées. Par exemple, le rebond de l’économie après deux ans de pandémie. Le fait aussi que durant la période Corona, de plus en plus de personnes ont « découvert » le vélo, et l’utilisent désormais plus volontiers pour aller au travail. Enfin, on constate que les ventes de vélos électriques, notamment des très rapides Speed Pedelecs, augmentent de façon exponentielle.

Non-communication délibérée ? 

Ne le nions pas, de trop nombreux automobilistes roulent encore trop vite, de façon trop agressive, et ignorent nombre de règles de circulation. Mais pour chaque infraction, un conducteur de voiture risque une (forte) amende et un retrait temporaire de son permis de conduire. Les cyclistes, en revanche, peuvent se permettre les infractions les plus folles et le plus dangereuses, sans risque d’être pénalisés. Si les automobilistes se comportaient comme les cyclistes, on ne compterait plus les morts sur la route !

En Belgique, le nombre d’infractions commises par les usagers faibles n’est pas communiqué, contrairement au nombre de victimes. Est-ce délibéré ? Est-ce parce que montrer du doigt les usagers non-motorisés ferait tache à cette époque d’éco transition ? Des chiffres, une étude allemande en donne : en l’espace de 12 heures, dans le centre de Munich, 133 cyclistes (soit 6,4% d’entre eux) ont brûlé un feu rouge. Imaginez que les voitures en fassent autant. Réaction classique : l’impact d’un vélo en cas d’accident est moins grave que celui d’une voiture. Et dans la foulée, on plaidera pour réduire encore la vitesse maximale autorisée en agglomération. Comme si c’était la solution. Bientôt, les vélos électriques rouleront plus vite que les voitures !

Pas une âme qui vive

La seule façon de réduire la mortalité routière est d’augmenter la répression des contrevenants, y compris les cyclistes. Rouler sans éclairage ou avec des écouteurs, tapoter sur le smartphone, ne pas utiliser la piste cyclable : tous ces comportements sont monnaie courante. Et le gouvernement a sa part de responsabilité. Car c’est bien lui qui a donné aux cyclistes l’impression que le Code de la route ne s’applique pas à eux. Car, tant que les citoyens ne prennent pas la voiture, tout va bien ! Exemple ? Que les cyclistes puissent rouler à contresens dans une très étroite rue à sens unique, c’est la règle la plus incompréhensible qui soit. OK, l’infrastructure cyclable mériterait d’être meilleure, mais les moyens doivent être utilisés plus efficacement. Au-dessus de la E19 à Melsbroek, et au-dessus de la E40 à Wetteren, on trouve deux ponts réservés aux piétons et aux cyclistes. Je passe à proximité depuis des années, jamais je n’ai vu âme qui vive sur ces viaducs. Et de tels exemples sont nombreux, sans que personne se demande si l’argent qu’ils engouffrent ne serait pas mieux utilisé ailleurs. Mais on imagine que les politiciens locaux voient dans ces projets une belle vitrine pour les prochaines élections…

La voiture autonome ? Un projet sans intérêt

« La Flandre doit être à la pointe de la conduite autonome ». Ainsi a parlé Marino Keulen (Open Vld), membre du Parlement flamand, soutenu par la ministre flamande de la Mobilité Lydia Peeters (Open Vld), qui veux carrément mettre sur pied une taskforce dédiée à faire de la conduite autonome une réalité. Ils sont vraiment bizarres, nos politiciens. L’un deux pourrait-il donner ne serait-ce qu’un argument qui justifierait cette proposition ? Ne me dites pas que la Flandre pense désormais pouvoir relever l’immense et complexe défi qu’est la voiture autonome, laissée de côté par d’importants groupes industriels qui préfèrent consacrer budgets et recherches à la transition électrique ? Le seul fait que nous nous posions la question en dit long sur le mode de pensée mégalomane des haut(ain)es excellences parlementaires ! Faut-il leur rappeler l’état lamentable de notre réseau routier et de la signalisation ? Et ne parlons pas des travaux. Piloter sa voiture en toute sécurité à travers les nombreux chantiers relève de l’exploit, et aucune voiture contrôlée par ordinateur n’en est capable. Mais voilà pourtant que quelques politiciens se mettent en tête d’explorer les possibilités de la voiture autonome. Une chose est sûre : dès qu’une voiture autonome pourra circuler sans accident en Belgique, ce sera possible partout dans le monde occidental. Vraiment, ce projet n’a pas le moindre intérêt !

Trop de travaux simultanément ?

Dans les mois à venir, les automobilistes devront avoir de la patience. Beaucoup de patience. Cette année, le gouvernement flamand prévoit pas moins de 46 grands chantiers le long des autoroutes. Des travaux routiers qui dureront de nombreuses années, entraînant d’énormes perturbations du trafic. Même les principales artères de circulation n’échapperont pas à l’impact. La rénovation du viaduc de Vilvorde durera… 8 ans ! La sécurité passe certes avant tout, mais la planification de tant de chantiers majeurs laisse perplexe. Presque simultanément, des réparations seront également en cours dans le tunnel Kennedy d’Anvers, tandis que le tunnel Leonard à Tervuren, sur le Ring de Bruxelles, sera lui aussi rénové. Pourquoi tant d’opérations de ravalement d’un seul coup ? Réaliser des travaux sur le ring de Bruxelles et d’Anvers au même moment, c’est chercher l’embouteillage ! D’autant qu’en plus certains chantiers s’éternisent déjà. Par exemple, la rénovation du Boulevard de la Woluwe à Machelen – sous le viaduc de Vilvoorde – est en cours depuis des années, et la réouverture de cet axe important ne semble pas être imminente. Peut-être serait-il plus judicieux de mieux coordonner les chantiers… et les nuisances de circulation évidentes qui en découlent !

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Jan Muylaert a abordé tous les sujets dans les grands quotidiens flamands, mais le fil rouge de sa carrière est sa passion pour l'auto, et pour tout ce qui touche à la mobilité. Pendant un mois, il a pris note pour Auto Trends Magazine de ce qui l'a marqué, avec son regard avisé et sa plume aiguisée.

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