L’institut Vias veut interdire un dispositif qui sauve des vies : épisode 2

il y a 3 mois | Laurent Zilli

Vous l’avez lu il y a quelques jours dans nos colonnes, Vias, l’institut pour la sécurité routière, demande l’interdiction des avertisseurs de radars, dont le célèbre Coyote, sur base d’une étude à petite échelle. Faisons ce que Vias ne fait pas : adopter une vision plus large.

Ce sont en effet 2000 personnes qui ont été interrogées, et cela suffit apparemment pour en conclure que les utilisateurs d’un boîtier Coyote, mais aussi des applications de navigation annonçant les emplacements des radars fixes (et mobiles) telles que Waze, ont 50% de PV en plus que ceux qui n’en ont pas. Vias appuie aussi son argumentation en citant l’exemple des conducteurs alcoolisés, qui utilisent ces moyens pour échapper aux contrôles de police. Admettons, ces gens existent. Mais faisons ce que Vias ne fait pas : adopter une vision plus large.

Des millions d’alertes

Pour démonter cette sortie, nous prenons le cas précis de Coyote. Non par favoritisme, mais simplement parce que l’entreprise publie régulièrement des données très précises sur la réalité du terrain. Ne versons pas dans l’angélisme : il est un fait que Coyote est globalement perçu par le public comme un « avertisseur de radar », et que c’est peut-être même la première motivation d’achat. Mais tout utilisateur vous le dira : cette fonction s’avère vite n’être qu’une infime partie des services rendus par le boîtier. En 2023 ce sont ainsi chaque année plus de 5 millions d’utilisateurs en Europe (dont 1,6 million en Belgique) qui partagent des millions d’alertes (20 millions rien que pour les ralentissements). Parmi celles-ci, 95% concernaient des perturbations (accident, files, brouillard, objet sur la route, etc.), et non des contrôles de police. Interdire Coyote, ce serait donc se passer de ces alertes qui permettent aux conducteurs de ne pas être surpris par un risque potentiel, ou encore, autre exemple, du signalement de 118 conducteurs fantômes, rien qu’en Belgique et en 2023. Ces signalements étant directement envoyés aussi par Coyote à la police, 23 de ces conducteurs fantômes ont été interceptés, et c’est autant de vies potentiellement sauvées. On peut aussi citer une fonction ajoutée en 2022 concernant les avertissements de virage dangereux, dont il est prouvé qu’elle incite bel et bien les conducteurs à ralentir dans ces endroits accidentogènes.

Partenaire des institutions

Pour montrer à quel point Vias est à côté de la plaque sur ce dossier (et ce n’est pas la première fois), il faut savoir que Coyote collabore non seulement avec la police, mais aussi avec l’AWSR (Agence Wallonne pour la Sécurité Routière), avec qui il existe des protocoles d’échange de données. Dans la foulée de la sortie de Vias, Valérie De Bue, Ministre wallonne de la sécurité routière, a réagi en disant « Plutôt que d’interdire, nous préférons collaborer. » Enfin, on rappelle que Coyote collabore aussi avec les provinces de Namur et du Brabant wallon, dans le but de diffuser sur les boîtiers toute alerte de haute importance, comme un déraillement de train, une attaque terroriste, une pollution chimique, etc. Mais pour Vias, tout cela n’est rien comparé à la poignée de conducteurs dont on ne discutera pas l’inconscience.

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