Vécu : « Découvrir le sport auto aux 24H de Spa, une expérience extraordinaire »
A force de vivre dans ce monde depuis cinquante ans, on en oublie parfois sa beauté, son pouvoir d'attraction et l'excitation que peut ressentir le spectateur « lambda ». Non pas les fans habitués venant chaque année en pèlerinage, sous tente ou en mobilhome, assister à l'événement sportif rassemblant le plus de spectateurs belges payants de l'année. Non, on vous parle du grand public, ceux qui reconnaîtraient à peine une Ferrari d'une McLaren, ceux pour qui BOP est un chapeau, ceux qui ne connaissent pas toutes les subtilités du règlement GT3, ne se retournent que pour Valentino Rossi (mais cet Arthur Leclerc ne roule-t-il pas en F1?), ont déjà vaguement entendu le nom de Magnussen dans une série Netflix (« Drive to Survive »). Ceux pour qui Martin est avant tout un concessionnaire BMW à Stockel. Les plus jeunes « gamers » adeptes de la Playstation demanderont peut-être un autographe à l'acteur de Grand Turismo Jan Mardenborough sans se rappeler que ce film est réellement son histoire ou se feront tatouer gratuitement dans le bus Monster avant d'assister au concert de Kid Noize, le mec qui aime ambiancer en faisant le singe sur scène.
« Les gamins excités comme le jour où ils ont découvert Disneyland »
Mais l'année passée, j'ai vécu une expérience très intéressante me rappelant un peu la magie de mes premières 24h disputées par mon papa en 1975.
Après plusieurs visites, la famille grecque à qui j'ai dû vendre ma maison s'est intéressée à la carrière de mon fils Ugo dont ils ont pu un jour découvrir la chambre garnie de cadres de voitures de courses (les siennes), de trophées et d'un simulateur. Cela faisait rêver le garçon de 14 ans et sa soeur qui lui avaient demandé un poster du Mans dédicacé.
Quelques semaines plus tard, j'ai été surpris quand le papa Georges m'a demandé comment il devait faire pour venir découvrir les 24h en famille. On se connaissait très peu, mais leur attrait semblait réel. Je leur ai donc dit comment se procurer quatre tickets à 80 euros. « Pour les quatre jours ? Donc si je viens le jeudi, je peux revenir le samedi et le dimanche avec le même billet ? »
Oui monsieur. Apparemment, il ne trouvait pas cela cher. « Et le concert du samedi est inclus ? » Tout à fait ! « Ok j'achète. Mais comment arrive-t-on à Francorchamps ? Et les pilotes roulent la nuit ? »
Oui, c'est le principe des 24h. Cela me rappelle la fois où j'avais invité un ami quand j'étais encore à l'école. Nous étions dans la tribune du Raidillon et au moment du tour de chauffe, quand il voyait les voitures commencer à zigzaguer pour chauffer les pneus, il m'avait dit : « Cela va être spectaculaire ces autos ne tiennent pas du tout la route... »
Mieux encore, une amie de ma fille à qui l'on expliquait qu'Ugo faisait les 24H avait répondu : « 24H cela doit être terriblement fatiguant. Il est tout seul ?»
Non ils se relayent à trois ou quatre. « Ah et comment font ils alors pour se passer le volant ? Ils doivent tout de même s'arrêter alors ?» Elles s'imaginaient que le double tour d'horloge se disputait avec trois ou quatre pilotes à bord de la voiture... Non, on n'est pas sur l'autoroute des vacances Victoria...
Francorchamps est située à cinq minutes de la sortie de l'autoroute de Verviers vers l'Allemagne, à une heure quart de Bruxelles, une heure trente de l'aéroport de Zaventem et 10 km de Spa. Enfin quand il n'y a pas de bouchons. Pour les 24H réunissant près de 100.000 personnes sur les cinq jours (la fête débute à la parade le mercredi), mieux vaut arriver tôt le samedi. Car la capacité de parkings, souvent dans les prairies ou jardins avoisinants, n'est pas extensible.
Aussi émerveillés par les autos dans le paddock que sur la piste
J'avais donné rendez-vous à mon nouvel ami Georges et ses gamins au rond-point de Ster après lui avoir donné les explications nécessaires. Il est arrivé le jeudi, à l'heure convenue, avec son fils et un ami. A peine la voiture garée, les deux ados surexcités sont partis en courant dans le sens opposé à l'entrée principale. Mais que faisaient-ils ? Ils avaient repéré une belle GT stationnée qu'ils voulaient photographier. Ils ignoraient qu'ils allaient voir quelques minutes plus tard des dizaines de Supercars alignées dans le paddock, derrière les stands et camions transportant les GT3.
Ces enfants galopaient dans tous les sens comme s'ils découvraient Disneyland. Leur papa avaient aussi les yeux émerveillés face à d'aussi nombreuses belles machines. Ils ont même pu faire un « selfie » devant la DeLorean, la voiture du film Back To the Future.
Les GT4 sont prêtes à monter en piste au pied du Raidillon. Les pilotes sont là casqués à côté d'eux et de spectateurs se désaltérant à l' « Arbre qui tue ». Ils trouvent cela plus incroyable que le « Space Mountain. » Ils peuvent approcher les pilotes, toucher leurs bolides, sentir les odeurs, les pneus, l'essence, les freins.
Quand les autos montent en piste pour la séance libre, ils me demandent laquelle est la voiture d'Ugo. Je dois leur expliquer qu'il ne s'agit que d'une course annexe avec des GT moins puissantes, moins rapides.
On monte alors découvrir l'Audi R8 LMS Saintéloc. L'arrière des boxes reste encore très accessible pour le public. Le bruit de la GT3 chauffant son moteur leur donne la chair de poule et leur rince les oreilles. Ils ont vraiment l'impression d'être privilégiés en assistant à la préparation d'Ugo, le jeune dont ils ont repris la chambre.
«Mes voisins vont venir. Je veux aussi faire découvrir ce spectacle à mes collègues »
Ils assisteront à la séance qualificative depuis les tribunes comprises dans le prix du ticket, feront un petit tour pour se restaurer dans le village des fans où tourne la grande roue avant de reprendre la route de la capitale des étoiles plein les yeux. Et bien décidés à revenir.
« Nous sommes revenus le samedi avec mon épouse et nous avons vraiment aimé l'ambiance de cette course, la préparation avant le départ, on sentait la tension monter, puis on a vu ce peloton de GT3 s'élancer dans le grand virage en montée (ndlr : le Raidillon) face à des gradins combles. Waouw, quel moment intense. »
Précisons que notre famille grecque n'avait aucun accès VIP, a fait la queue comme tout le monde pour un hamburger, un paquet de frites ou un coca. « Mais on a vraiment apprécié chaque moment. »
La tombée du jour, le feu d'artifice, le spectacle son et lumière avec les bruits du concert et des moteurs hurlant quand les GT3 escaladent le Raidillon à la lueur des phares à plus de 220 km/h.
« Honnêtement, on a passé un super moment. D'ailleurs, on a de suite noté la date à l'agenda et on sera de retour cette année pour supporter Ugo et sa nouvelle BMW. Nos nouveaux voisins seront là aussi et j'ai proposé à des collègues du bureau de venir découvrir cela aussi. Je ne connaissais pas du tout ce monde de la course automobile, mais c'est enivrant. D'ailleurs mon jeune fils fait désormais du kart sur son simulateur. Je crois qu'il rêve aussi maintenant de devenir pilote... »
La magie des 24H fait toujours rêver. Les fans bien sûr, mais aussi le grand public qui vient découvrir un événement mondial et une grande fête populaire. On se souvient toujours de sa première fois... Et de son premier passage à Francorchamps apparemment aussi !
Photo SRO


