Sarah & Vanina : Objectif podium à Francorchamps avec les Iron Dames
Sarah, Vanina, quel est votre plus lointain souvenir de Francorchamps ?
Sarah : « Je pense que cela remonte à 2004. J'avais quinze ans et j'étais une grande fan d'Eric Van de Poele. Je suis venue le supporter lors des 24H de Spa quand il roulait sur la Saleen du team de Bartels. Un excellent souvenir même s'il n'a pas gagné cette fois-là. »
Vanina : « Cela remonte à cette photo où ma soeur et moi sommes sur le podium des 1000 km de Spa avec papa. En 1983 je crois. J'étais encore toute petite mais je me souviens de l'hospitality Rothmans sous une tente, du camion où papa et Jochen Mass se changeaient, de l'odeur particulière des sous-vêtements de course trempés. Je me rappelle avoir poussé un pneu. Je voulais aider les mécaniciens. J'étais aussi allée sur la grille une demie heure avant le départ. C'était beaucoup plus accessible qu'aujourd'hui. »
Et votre première fois sur le circuit spadois à bord d'une voiture de course ?
Sarah : « 2005 en Formula Renault 1.6. J'étais déjà à court de budget après les deux premiers meetings à Zolder et donc à pied. J'étais venue à Francorchamps sans volant dans l'espoir d'un miracle. Et il s'est produit grâce à Willy Braillard qui trouvait dommage que je ne puisse pas rouler et a mis les sous qu'il manquait pour que je sois au départ. Malheureusement, cela ne s'est pas passé comme espéré. J'ai eu un contact au Raidillon au premier tour et j'ai dû rentrer pour changer le museau de ma monoplace. Et la deuxième manche ne s'est pas super bien passée non plus. Mais c'était ma première fois. »
Vanina : « Le Test Day du Procar à Francorchamps en 1996. Tu étais là, non ? Je remplaçais Isabelle Van de Velde sur la BMW Compact avec Stéphane De Groodt. A l'époque, il n'y avait pas de simulateur, de caméra embarquée, très peu d'acquisition de données. J'ai appris le Raidillon sur le tas comme cela. On se lançait sans aucune préparation, avec juste les conseils de pilotes plus expérimentés. Je me souviens avoir tourné en 2'57. Mais ma journée s'est malheureusement terminée dans les pneus au pif paf. »
A quand remonte votre dernière participation à une course ici au volant d'une voiture moderne ?
Sarah : « L'ELMS l'an dernier. Sans doute la pire semaine de ma carrière. Un vrai cauchemar qui a débuté par l'annonce du décès de notre ami et coach Luca Persiani. Ensuite, Rahel a crashé l'auto dès la première séance d'essais libres. Elle a pu être réparée pour la qualif lors de laquelle j'ai juste vérifier que tout avait bien été remonté. J'étais bien remontée en course quand une Lamborghini a cassé sa direction et est venue me percuter alors que je la doublais dans le Raidillon. Vraiment un week-end que je veux effacer le plus vite de ma mémoire. J'ai une belle revanche à prendre. »
Vanina : « La Fun Cup cela compte ? Alors c'était les 25H 2023 avec la famille Tabery. Sinon cela remonte à 2010 avec le proto Lola lors des 1000 km de Spa. Comme le temps passe vite. On court toujours après, surtout au volant de ces bolides. Cela faisait quinze ans donc déjà que je n'avais plus roulé aussi vite autour de Francorchamps. Cela procure toujours des sensations incroyables. J'ai redécouvert cela lors des premiers essais ce mercredi. Il me manque toujours un peu de vitesse. Cette Porsche GT3 demande beaucoup de précision. Et cela ne peut venir qu'avec de l'entraînement. Je manque toujours un peu de roulage. »
Votre meilleur souvenir ici ?
Sarah : « Difficile de choisir entre notre victoire en Gold Cup lors des 24H de Spa 2022 avec la Ferrari des Iron Dames et le WEC l'an dernier avec la Lambo. Cela avait commencé comme dans un rêve. J'ai signé une de mes plus belles poles. Je me souviens de l'accueil phénoménal du public qui se levait ou faisait la Ola dans la tribune du Raidillon quand je passais. J'ai pris un départ de folie. Je comptais une quarantaine de secondes d'avance avant la sortie de la voiture de sécurité. Puis tout est parti en vrille. On a raté un pitstop avec un écrou récalcitrant, on a commis une erreur de stratégie et finalement on a échoué au pied du podium. J'étais hyper déçue car on aurait dû gagner cette course. J'en ai pleuré. »
Vanina : « Il y a bien sûr eu ce podium avec la Peugeot 306 lors des 24H de Spa 2000, la dernière édition pour voitures de Tourisme. On avait des problèmes d'alternateur durant la nuit et je me souviens que l'on me demandait de couper les phares en lignes droites. Mais l'édition 1997 avec la BMW a été encore plus épique avec de la pluie et du brouillard durant mon relais de nuit. Je devais suivre la ligne blanche délimitant la piste pour trouver mon chemin. Et je découvrais les voitures devant moi avec leurs feux arrière rouges qui apparaissaient subitement. C'était dantesque. »
Qu'espérez vous de ce week-end ?
Sarah : « On a de grands espoirs. On sait que l'on a un très bon package. On est toutes les trois très rapides sur Francorchamps. Celia (Martin) a mené la course en WEC ici en mai. Je pense être vite en tant que Silver et on connaît la valeur de Michelle Gatting. On veut jouer le titre donc je ne dis pas que l'on veut gagner à tout prix, mais le podium est le minimum. »
Vanina : « Ce serait chouette de pouvoir enfin concrétiser le résultat à côté duquel Marta (Garcia) et moi sommes passés deux fois en début de saison. On vise clairement le podium. On sait que c'est possible si on évite les accrocs, surtout lors d'un départ souvent chaotique dans ce championnat. Ce serait super de pouvoir ramener un trophée pour la première fois où mes deux enfants seront là pour me soutenir. J'aime leur faire découvrir ce que l'on n'apprend pas à l'école. »
Et pour la fin de saison ?
Sarah : « On veut être couronnées. Les Iron Dames ont déjà démontré qu'elles pouvaient signer des poles et gagner des courses. Il est temps maintenant de ramener un titre. C'est bien parti. On est actuellement au troisième rang à quelques points des leaders. Sincèrement, c'est jouable. »
Vanina : « Spa est le circuit que je connais le mieux. Il me reste toutefois toujours une marge de progression. Chaque tour compte et me permet d'apprendre, de me sentir plus à l'aise. J'ai encore des choses à gagner tant en vitesse qu'en régularité. J'ai une chance exceptionnelle. Je roule pour un team comme j'ai rarement connu. Où rien n'est laissé au hasard. La voiture est magnifique. S'il n'y avait pas l'enjeu du chrono, je prendrais un plaisir de fou à son volant. »
Vanina n'avez vous jamais regretté votre décision de revenir à la compétition à 50 ans ?
« J'aurais certainement eu des regrets si j'avais dit non. La phrase que je déteste le plus au monde est : « J'aurais dû ». Mais je dois avouer que cela me coûte beaucoup au niveau de la gestion du stress, de la remise en route. »
Si on vous propose de remettre cela en 2026 quelle sera votre réponse ?
« Je réfléchirai un peu plus longtemps. Mais je dois avouer que j'ai du mal à dire non... »
Photo: Sarah Bovy & Vanina Ickx


