Après des 6H d'Interlagos franchement ennuyantes et déséquilibrées, les 6H WEC d'Austin nous ont tenu éveillés jusqu'à 2h du matin la nuit dernière avec du tout grand spectacle sous la pluie.

La première chose est, pour une fois, de féliciter la direction de course. Après un départ donné sous voiture de sécurité et une interruption au drapeau rouge en raison d'une eau stagnante rendant le pilotage impossible avec d'énormes risques d'aquaplaning, on pouvait craindre que cette épreuve tombe à l'eau.

Mais il n'en a rien été. Les organisateurs ont pris leurs responsabilités et, malgré des conditions difficiles avec une visibilité réduite et encore beaucoup d'eau sur la piste, la course a repris pour trois dernières heures dantesques sans trop de neutralisations.

On a dès lors assisté à un incroyable festival de tête-à-queues, mais aussi à des remontées d'anthologie et des descentes en enfer. Dans des conditions apocalyptiques pour ne pas dire aquatiques, certains protos comme les Toyota, la BMW V8 M Hybrid rescapée (après un souci au niveau du système hybride une nouvelle fois de la N°20) ou l'Alpine semblaient tout simplement inconduisibles, tandis que d'autres comme les Porsche et les Peugeot se sentaient nettement plus à l'aise.

Un beau cadeau d'adieu au Lion pour Stoffel

Si Alex Lynn nous a encore démontré qu'il était un des meilleurs pilotes du plateau, son relayeur Norman Nato n'a pas du tout été à la hauteur, la Cadillac N°12 chutant dans le classement pour finalement terminer 8ème.

Dès lors, la course pour la victoire s'est circonscrite entre Ferrari et Porsche. La 499P jaune du poleman Robert Kubica rétrogradant (7ème) aux mains d'un Yifé Yé peu en verve sur le mouillé, celle des leaders du championnat Pierguidi-Calado-Giovinazzi (5ème) retardée par une crevaison suite à un contact visiblement à la relance avec la Porsche de Kevin Estre, c'est celle des jeunes Fuoco-Molina-Nielsen qui a sauvé l'honneur en se classant deuxième à 8 secondes.

Mais le grand bonhomme de cette course aura sans aucun doute été Kevin Estre. Reparti deuxième pour le dernier relais, le Français a véritablement marché sur l'eau pour offrir à Porsche son premier succès en WEC depuis Fuji l'an dernier. Un grand bonheur pour son équipier lui aussi champion du monde Laurens Vanthoor qui avait fait le job sans prendre trop de risques en début de régate. Matt Campbell a parfaitement assuré lui aussi le relais du milieu pour permettre à la 963 N°6 de rester en lice pour le titre face aux Ferrari alors qu'il reste deux courses à disputer au Japon et à Bahrein.

Mais la plus grande surprise de cette épreuve est venue des 3ème et 4ème rangs des Peugeot 9x8. Un premier podium pour Stoffel Vandoorne en Hypercar (avec la complicité bien sûr de sses équipiers Loïc Duval et Malthe Jakobsen) faisant très plaisir au moment où l'on sait que le Belge va quitter le constructeur français pour rejoindre plus que probablement Genesis avant même la fin de la présente saison puisque le réserviste Théo Pourchaire a été annoncé comme titulaire pour le dernier rendez-vous des 8H de Bahrein.

A certains moments le plus rapide en piste, le Courtraisien a démontré qu'il n'avait rien perdu de ce coup de volant lui ayant permis de disputer deux saisons pour McLaren en F1 et de décrocher un titre mondial en Formula E.

WRT deuxième en LMGT3

Avec deux Belges sur le podium, dont un sur la plus haute marche, les fans noir jaune rouge sont comblés.

Un succès complété par la deuxième place en LMGT3 de la BMW M4 WRT N°46.

Cela avait pourtant très mal démarré pour les troupes belges avec le naufrage absolu des Hypercars munichoises (12ème place à un tour pour Dries Vanthoor) et deux pénalités (une mauvaise habitude) pour un Valentino Rossi pourtant assez à l'aise quand l'adhérence était la plus précaire.

Mais un passage aux slicks audacieux mais opportun sur une piste séchant assez lentement en fin de course a permis à Kelvin van der Linde de remonter de la 11ème à la 2ème place sous le drapeau à damier à deux dixièmes seulement de la McLaren 720S United Autosport du trio Gelael-Leung-Sato victorieuse. Une pénalité de cinq secondes a en effet été infligée à la Ferrari 296 de Rigon-Flohr-Castellacci (suite à son contact avec la Ford Mustang de Tuck-Sousa-Barker finalement sixième de la catégorie) dès lors retombée au troisième rang.

Nos deux autres compatriotes ont sombré avec un nouvel abandon pour la Mercedes de Maxime Martin suite à une erreur de son équipier Hodenius et une lointaine 13ème place pour la Corvette de Tom Van Rompuy, les GT américaines étant complètement à la dérive dans ces conditions.

Au final, course pluvieuse course heureuse. On n'a pas vu le temps passer, on n'a pas parlé de BOP et cela nous réconcilie avec une discipline qui nous avait fortement déçus lors de ses deux derniers meetings.

Photo WEC