Alpine en outsider : « Un podium constituerait déjà une victoire »
En 2024, les Alpine A424 n'avaient pas eu l'occasion d'allumer leurs phares, victimes de leur moteur.
Douze mois plus tard, l'écurie française est de retour l'esprit revanchard. Et lorsqu'on lui demande si elle compte poursuivre au Mans la série de podiums entamée en WEC, le boss Bruno Famin freine des quatre roues : « Le Mans est une course très spécifique, qu'il faut aborder en se montrant très humble, » explique l'ancien directeur sportif du team Alpine F1. « Regardez le niveau de la grille, la concurrence est très relevée. Les 21 Hypercars se tiennent en deux secondes et demi. Voici quelques années c'était l'écart entre la première et la deuxième ligne. Il y aura peu de distance à l'arrivée entre un podium et un Top 10. Tout le monde peut être dans la lutte pour la victoire. On respecte tous nos adversaires. »
"On a tout fait pour que le drame de 2024 ne se reproduise plus"
Patron de l'équipe, Philippe Sinault va plus loin. « On a énormément travaillé depuis le « drame » de l'an dernier. Ce serait vraiment injuste que cela se reproduise. On ne peut jamais être confiant à la veille des 24H du Mans. Mais le souci a été très vite identifié. On a bossé à Viry-Chatillon, on a fait une simulation de bien plus de 24h à Motorland Aragon où l'on a quasi doublé la durée nécessaire au niveau du moteur. »
Reste qu'il est toujours difficile de reproduire même en simulation la piste du Mans. « Il ne faut pas oublier que 70% du circuit est une route publique. L'asphalte est différent de Spa par exemple. On roule avec très peu d'appui pour favoriser la vitesse de pointe, donc tout ce que l'on sait des circuits classiques n'est pas applicable ici. »
Et puis il y a eu la hausse anormale des températures ces derniers jours. « On a souffert, les réglages sont sensibles à une différence de dix degrés. On espère qu'il fera moins chaud ce week-end. Notre auto, notre moteur V6 Turbo fonctionnent mieux quand il fait plus frais. On a sacrifié une partie de nos essais pour préparer la course, tenter des triples voire quadruples relais. »
"Alpine est là pour écrire bientôt une nouvelle ligne au palmarès des 24H"
Sera-ce assez pour jouer les trouble-fêtes ? « Honnêtement, nous sommes ici pour nous battre, on va tout donner même si j'estime que nous ne sommes pas encore au niveau pour lutter pour la première place. Le but à terme est de permettre à Alpine d'écrire une nouvelle ligne au palmarès des 24H (la seule victoire date de 1978 avec la A442). Si c'est dès cette année, tant mieux. Mais à ce stade, un podium constituerait déjà pour nous une victoire. On va essayer de se montrer fiable, de survivre à la nuit et s'il y a quelque chose à jouer dimanche matin, vous pouvez compter sur nos pilotes pour aller au feu. »
En espérant que Fred Makowiecki, fiévreux et absent lors du point presse de ce vendredi, soit de retour à 100%.
Débarqué de la F1 pour « gérer » le programme WEC de la marque sportive de Renault, Bruno Famin se sent « beaucoup mieux en endurance. Ici, je connais les noms de tous les membres de l'équipe. »
Mick Schumacher: "Je rêve toujours de F1"
Son pilote Mick Schumacher, portrait craché de son illustre père, rêve lui de faire le chemin inverse. « Oui, la F1 me fait toujours rêver. Et j'espère toujours avoir la chance d'y retourner. L'avenir nous apprendra si cela se fera ou pas... »
Pourquoi pas avec Alpine si Franco Colapinto ne donne pas entière satisfaction ? « Ce n'est plus à moi que vous devez poser la question, » sourit Bruno Famin bottant logiquement en touche.
Mais à l'époque des tests comparatifs avaient déjà été effectués et Jack Doohan l'aurait emporté.
Saine rivalité avec Peugeot
Il y a d'autres pistes, comme Cadillac, un de leurs grands rivaux ce week-end. «Avant la qualif, j'aurais pointé Ferrari, Porsche et Toyota, peut-être Cadillac parmi les favoris, » reprend Sinault. « Aujourd'hui, la cote de Cadillac est en hausse. C'est bizarre que les 499P soient aussi loin... »
Pas autant que les Peugeot... « Ne vous moquez pas. L'année dernière, elles ont mené la course. Nous on aimerait déjà bien pouvoir être leader à un moment de la course. »
La rivalité franco-française semble donc bien saine : « Bien sûr, on se connaît tous et on a intérêt à se serrer les coudes dans l'intérêt de l'industrie et du sport auto. Ce n'est pas comme la rivalité entre le PSG et Marseilles. C'est amical. On s'entend bien avec Peugeot. Du moment qu'ils restent derrière, » conclut Bruno Famin en boutade.
Photo Alpine


