24H du Mans : On compte sur les Vanthoor !
Avec la surprise de dernière minute Sarah Bovy, ce sont finalement six Belges qui devraient prendre le départ (ou du moins leur voiture) des 24H du Mans ce samedi après-midi à 16h quand la star du tennis Roger Federer abaissera le drapeau national.
A la veille des premiers essais (libres de 14h à 17h00 puis déjà qualificatifs pour l'Hyperpole de 18h45 à 19h15 pour les GT3 et LMP2 et de 19h30 à 20h00 pour les Hypercars) de ce mercredi, nous évaluons les chances de nos représentants.
Laurens Vanthoor ***** (Porsche 963 Penske N°6)
C'est clairement notre plus grande chance de succès cette année. Au pied du podium en 2023, notre champion du monde était très déçu. Les 24H du Mans est la seule grande course d'endurance manquant encore au palmarès du Limbourgeois. Et c'est l'objectif prioritaire de cette saison. Pour ses équipiers Kevin Estre et Matt Campbell, mais aussi pour Porsche détenteur du record de victoires dans la Sarthe (19) mais qui ne s'est plus imposé depuis 2017 avec la 919 LMP1 de Bernhard-Bamber-Hartley. Le Mans manque aussi au glorieux palmarès de Penske.
Totalement hors du coup lors des trois premières manches du WEC, les 963 Hypercar ont soudainement retrouvé du poil de la bête grâce à une meilleure BOP au Mans. Soyons sûrs que les Porsche dominantes en IMSA joueront la gagne face à Ferrari et Toyota. Et que Laurens, déjà vainqueur à Daytona cette année, s'est préparé comme jamais. Tout en espérant que la rumeur voulant que Penske arrête les frais en cas de succès dans la plus grande course d'endurance au monde soit non fondée...
Dries Vanthoor *** (BMW M V8 Hybrid WRT N°15)
Déjà vainqueur comme son grand frère du Mans en GT (en LMGT Pro-Am à 19 ans, tandis que Laurens l'a emporté en LMGTE), Dries vise aussi un premier succès au Mans, le deuxième pour BMW dont l'unique victoire date déjà de 1999 avec le proto V12 LMR de Martini-Dalmas-Winkelhock.
Pour leur deuxième apparition dans la Sarthe avec leur Hypercar, BMW et WRT ont des ambitions à la hausse. Un podium comme en WEC serait déjà une belle réussite. Pour y arriver, le très véloce Dries accumulant les poles aux USA va devoir contenir sa fougue et éviter les petites erreurs. Un proto moins délicat à piloter par rapport à l'an dernier devrait l'y aider. Issu de la F1, son équipier Kevin Magnussen n'est pas le plus calme non plus et n'a disputé qu'une seule fois cette course en LMP2 avec son papa. Le long couteau suisse Raffaele Marciello est le 3e homme.
Pour gagner face aux favoris, l'outsider BMW devra rendre une copie parfaite et surtout éviter les petits accrocs et autres pénalités. Sur 24h, la régularité est aussi importante que la vitesse. Par contre, s'il y a un coup stratégique à jouer, on peut toujours compter sur les ingénieurs de l'équipe belge WRT pour sortir quelque chose de leur chapeau et décrocher le jackpot.
Stoffel Vandoorne ** (Peugeot 9x8 N°94)
Peugeot peut-elle réellement remporter à nouveau les 24H du Mans ? Cela a été le cas pour la troisième participation de la 905 et de la 908. Les Français réussiront-ils à en faire de même avec la 9x8 ? Honnêtement, très peu oseraient parier sur un podium de la marque au Lion galérant depuis deux ans dans la catégorie Hypercar.
On a toutefois vu les « Lionnes » un peu plus à leur affaire lors de la dernière course à Spa avec le 4e chrono en qualifs de notre compatriote associé à l'ex-vainqueur Loïc Duval et au jeune Danois Malthe Jakobsen. Peugeot doit décider de son avenir en WEC fin du mois et le résultat du Mans pourrait s'avérer déterminant sur le maintien ou non de l'usine française dans la discipline. L'ACO veut clairement qu'ils restent et pourrait leur donner un petit coup de pouce avec une BOP favorable. Ce n'est toutefois pas du tout ce qu'on a vu dimanche lors du Test Day avec des 9x8 à la traîne. Ont-elles caché leur jeu ? Parviendront-elles à se hisser mercredi soir dans le Top 15 pour participer à l'Hyperpole ? Et surtout quid de la fiabilité souvent prise en défaut et pourtant déterminante sur un double tour d'horloge. Stoffel Vandoorne est déjà monté deux fois sur le podium du Mans, mais jamais sur la haute marche. Une lacune que notre ex-pilote de F1 aimerait combler. Mais honnêtement, on ne lui donne guère plus d'1 ou 2% de chances d'y arriver. « On vise un Top 5, » a sagement annoncé son équipier français. Un objectif plus raisonnable et loin d'être gagné d'avance vu le niveau de la concurrence.
Tom Van Rompuy ** (Corvette Z06 TF Sport N°81)
La marque de GT américaine possède un solide palmarès et une belle histoire au Mans avec de nombreux succès. Mais la GT3 n'est pas vraiment encore au même niveau de performances ni de fiabilité que les versions GTE. Néanmoins la Z06 a signé son premier grand succès début d'année lors des 10h du Qatar. Peut-elle créer à nouveau la surprise lors des 24H ? On l'espère bien sûr pour notre compatriote peu verni depuis qu'il a signé avec TF Sport début 2024, même si on n'y croit pas vraiment. Avec Rui Andrade et Charlie Eastwood, un podium de catégorie comme lors des débuts de Van Rompuy au Mans en 2023 avec le proto Oreca LM2 DKR constituerait déjà un top résultat. A noter que Dirk, le papa de Tom, participera au Porsche Sprint Challenge disputé en lever de rideau.
Maxime Martin * (Mercedes AMG GT3 Iron Lynx N°61)
Mercedes est de retour au Mans après 25 ans d'absence. Tout le monde se souvient que la marque à l'étoile, victorieuse en 1989 avec la Sauber C9 du trio Mass-Reuter-Dickens, s'était retirée dix ans plus tard après l'effrayant épisode des CLR GT1 s'envolant sur la bosse des Hunaudières avant le freinage de Mulsanne. Malheureusement, ce n'est pas encore en Hypercar, mais bien en GT3 avec le team privé Iron Lynx qui a délaissé Lamborghini pour engager trois GT3 de la marque allemande, avec la célèbre livrée « Flèches d'Argent » et les numéros des C9 signant le doublé au général à l'époque. Depuis le début de saison, les débuts des AMG GT3 en WEC est laborieux. L'écurie italienne ne manquant pourtant pas de moyens investit visiblement plus dans le marketing et la poudre aux yeux que dans son personnel et ses pilotes. Maxime Martin disputant ses neuvièmes 24H du Mans se retrouve donc dans une sacrée galère avec deux équipiers loin d'être des références dans leur catégorie (Bronze et Silver). Il est quasi impossible d'espérer un résultat de choix dans ces conditions même si on peut souhaiter une BOP un peu plus favorable pour palier les carences de l'équipe et éviter que les AMG GT3 jouant la gagne dans tous les autres championnats ne soient trop ridicules pour leur retour dans la Sarthe.
Sarah Bovy * (Porsche 911 GT3-R Manthey N°85)
C'est la surprise du chef. Suite à la blessure de la pauvre Michelle Gatting ce dimanche soir alors qu'elle s'entrainait aux changements de pilotes, Sarah Bovy a été appelée à la rescousse et disputera ses 5èmes 24H du Mans.
Avec une Bronze « rookie » en GT3 et au Mans (Celia Martin) et deux Silver, l'équipage est sur le papier le moins compétitif. Mais on sait que Sarah est une battante et a toujours été rapide au Mans, tandis qu'on ne présente plus l'équipe Manthey. Une course sage, sans faute sur la piste ni dans les boxes, pourrait mener les filles dans le Top 10. Voire un peu mieux si toutes les planètes s'alignent. Mais on n'attend clairement pas les Iron Dames sur le podium ni dans le Top 5. Une arrivée moins d'une semaine après avoir appris qu'elle serait au départ constituerait déjà une belle satisfaction pour notre « panthère rose » qui roulera dans la combinaison de son amie « Michi » sur place pour la supporter avec son pied cassé.


