Retardée d'un bon quart d'heure pour éviter que la dernière averse tombée quelques minutes plus tôt ne vienne tout fausser, la Super Pole n'a pas été excitante du tout. En cause, un système qui a fait son temps (le volonté des organisateurs était de le changer, mais ils n'ont pas obtenu l'unanimité des teams) et la trop grande domination d'une marque enlevant tout suspense.

Comme jeudi soir, la McLaren 720S Garage 59 a survolé la concurrence. Et même si l'on est resté à plus d'une seconde de la référence de 2024 en raison essentiellement d'une piste verte et non gommée, le poleman Martin Kirchhofer a relégué son plus proche poursuivant, la Mercedes de Jules Gounon, à plus de quatre dixièmes. Difficile à expliquer dans un championnat régit par une Balance de Performances...

McLaren trop bien balancées

Comme on le voit depuis le début de saison, le petit constructeur britannique dominant actuellement la F1 est un peu trop favorisé en termes de BOP. Un peu comme Audi. Ce qui permet à des pilotes un peu moins côtés comme Benjamin Goethe ou Joseph Loake de se mettre en évidence. Pourquoi ? Sans doute car la marque de Woking n'a plus gagné en GT World depuis dix ans et la 720S ne compte toujours aucun succès.

Alors on les encourage. Pour la première fois de l'histoire, une McLaren s'élancera donc en pole des 24H de Francorchamps. Un chouette nom, surtout actuellement. Mais n'allez pas imaginer qu'une GT3 du Garage 59 franchira la ligne d'arrivée en premier vingt-quatre heures plus tard. C'est très peu probable. Essentiellement pour une question de fiabilité. Les McLaren n'aiment pas la chaleur dont on annonce le retour après deux journées pluvieuses et surtout elles ont une fâcheuse tendance à vibrer un peu de trop ce qui mène à des défaillances mécaniques.

Trois Mercedes dans le Top 5

Les vrais favoris s'élanceront derrière. Avec d'abord les Mercedes plaçant ses trois étoiles filantes dans le Top 5 au final (suite à la pénalité de Dries Vanthoor) avec le 2e chrono pour la N°17 de Stolz-Schiller-Gounon, le 3ème pour Maxime Martin sur la Boutsen VDS N°9 et le 5ème pour la N°48, la jaune au serpent de Engel-Cairoli-Auer.

Comme souvent lors des qualifs des 24H, les Benz sont aux avant-postes.

Ferrari se cache comme au Mans

Mais attention aussi (et surtout) à Ferrari. AF Corse a l'esprit revanchard après la défaite malheureuse (bloquée dans la pitlane) de la N°51 l'an dernier. Alessio Rovera, Vincent Abril et Alessandro Pier Guidi s'élanceront 4èmes devant la Lamborghini Grasser 163 de Sandy Mitchell, Frank Perera et Marco Mapelli, bien loin de leur performance de l'an dernier. Et quand on analyse les chronos de certains gentlemen drivers roulant pour AF Corse bien plus rapides que certains pros, on se dit qu'on en a sans doute encore gardé un peu sous la pédale du côté des rouges adoptant la même tactique qu'au Mans...

Au 7ème rang, on retrouvera l'Aston Martin 007 Comtoyou victorieuse l'an dernier de Mattia Drudi, Nicky Thiim et Marco Sorensen. Les premières Porsche 911, la N°92 de Sturm-Heinemann-Ineichen (premiers en Gold) et la N°22 de Guven-Bachler-Heinrich encadrent la seconde 296 de Donno-Fuoco-Leclerc pour clôturer le Top 10 groupé en une seconde ce qui est beaucoup trop. Avec six marques différentes.

BMW tire la langue

Elles auraient été sept si Dries Vanthoor n'avait été lâché une seconde trop tôt lors de la Super Pole. Une erreur de son ingénieur lourde de conséquences qui a valu à notre meilleur représentant en vitesse pure une pénalité sportive d'une seconde le faisant chuter au 14ème rang. Sans cela, le fer de lance de WRT serait parti troisième. Est-ce à dire que les BMW M4 GT3 seront aussi dans le coup ? Pas sûr. Car tant jeudi que vendredi, seul Dries était « avionnique », même ses équipiers pourtant haut gradés ne parvenant pas à rouler à son rythme. Et son avantage de poids (on parle de 15 kg, soit 3 à 4 dixièmes, quand certains pleurent pour perdre 5 kg de lest) n'explique pas tout. Sur un tour en pneus neufs, le pilote de Zolder est sans doute l'un des pilotes de GT ou d'Hypercar les plus rapides au monde.

Pour les quatre autres BMW, tant du côté de Rowe que chez WRT c'était un peu la soupe à la grimace avec une seconde rendue à la meilleure des Mercedes.

Du côté des leaders du championnat se plaignant depuis le début du week-end de beaucoup de sous-virage dans le secteur 2, on ne comprend pas pourquoi Kelvin van der Linde pointait à près de deux secondes du meilleur temps après avoir pourtant retourné la caisse dans tous les sens. Charles Weerts et Ugo de Wilde, quinzième au final sur la grille, espéraient toutefois retrouver un peu plus de grip et de rythme avec la chaleur, mais aussi sur la longueur d'un relais. Car on le sait, sur 24h, ce n'est pas le temps sur un tour qui compte. Comme le disait Jean de la Fontaine, rien ne sert de courir...

Un autre gros crash pour Aston Martin

Enfin, suite à deux pénalités et au gros crash d'Henrique Chaves qui a explosé son Aston Martin Vantage à la sortie du « pif et paf », la très populaire N°46 de Valentino Rossi et Kevin Magnussen s'élancera en 16ème position. Mais lutter pour le podium s'annonce très compliqué pour les équipiers de René Rast.

Voilà, en attendant d'éventuelles petites adaptations de la BOP par le législateur et surtout de voir si certains ne sont pas à nouveau soudainement plus rapides une fois que la course se développe, on pointera Mercedes, Ferrari et Aston Martin en favoris, tandis que Lamborghini, BMW visant une 26ème victoire et Porsche seraient plutôt dans le camp des outsiders.

Quant à McLaren, on verra si elle tient jusqu'au feu d'artifice de 22h30. Mais, comme à Monza, tant qu'elles ne connaîtront pas d'avarie, les 720S seront très dures à doubler...

Photo SRO