WRC Estonie : Oliver Solberg à trois spéciales de son premier succès mondial
Oliver Solberg a fait taire tous les sceptiques ce samedi. Ceux qui doutaient encore de son immense talent. Ceux qui prétendaient qu'il avait juste profité d'une meilleure position de départ pour signer ses trois premiers scratches en Mondial et mené la première étape du Rallye d'Estonie vendredi. Qu'il allait certainement commettre une bêtise. Ou encore que les trois champions du monde lancés à sa poursuite, dans l'ordre Ott Tanak, Thierry Neuville et Kalle Rovanpera n'allaient faire qu'une bouchée de lui.
Mais il n'en a rien été. Et, pour son retour au plus haut niveau, le fils de Petter a poursuivi sa domination en ajoutant quatre meilleurs temps à son tableau de chasse et en augmentant son avance. Reparti ce matin avec 12.4 d'avance sur le héros local, il a achevé la deuxième étape 21.1 devant la première des Hyundai. Vingt et une secondes qu'il va devoir gérer ce dimanche lors de la courte étape dominicale de trois spéciales totalisant 60 km.
« Ce n'est pas facile de lutter face à ces gars-là qui continuent de pousser, surtout que je découvre encore des choses sur les réglages de ma Toyota Yaris WRC1 au fil des spéciales. J'essaie de ne pas y penser, de faire ma course surtout sans commettre d'erreur, » expliquait le leader du championnat WRC2 saisissant parfaitement sa chance pour prouver qu'il mérite une promotion en 2026. Car ce week-end il est bien, et de loin, le meilleur des cinq pilotes Toyota.
Mais il ne marque pas de points pour le championnat constructeurs. Ce qui a vite incité Cyril Abiteboul à demander à ses pilotes de ne plus prendre de risque pour chacun devancer l'autre et à assurer un doublé mathématiquement très important pour le constructeur coréen. Ce qu'ils ont tous les deux promis de faire. Et ce dont on pouvait toutefois douter en voyant leurs chronos, leurs passages et le résultat de la 15ème spéciale où le Belge et l'Estonien étaient ex-aequos.
« On doit être prudent pour Hyundai, » lâchait l'Estonien pas très heureux de constater qu'il devra sans doute encore attendre avant de triompher à domicile. Mais dans l'état actuel des choses, avec Elfyn Evans toujours septième derrière Adrien Fourmaux et Takamoto Katsuta, il signerait une excellente opération au championnat du monde. En fonction du résultat du Super Dimanche et de la spéciale bonus, l'Estonien pourrait d'ailleurs prendre la tête du Mondial.
C'est ce que souhaite le boss Abiteboul. C'est bien pour cela aussi qu'il a tenté de mettre fin à la lutte intestine entre les deux équipiers qui ne peuvent toutefois pas beaucoup relâcher leur effort car Kalle Rovanpera, quatrième et désabusé limité déprimé, n'est que 26 secondes derrière.
La décla de Tanak qui passe mal...
« Je manage les risques. Il est important qu'on aille tous les deux au bout, » commentait notre champion du monde après avoir signé le deuxième chrono de l'ES15. A une demie seconde d'Oliver Solberg, à égalité avec son équipier. « Thierry continue à pousser donc je dois le faire aussi, » répliquait Tanak pas né de la dernière pluie. Et pas très « fair-play » quand le reporter de WRC lui a demandé s'il était impressionné par les chronos de Solberg Jr ce samedi. « Je suis surtout impressionné par la merde que l'on fait... » répondit-il frustré par sa 2ème place. Un message public pas cool du tout à l'égard du Suédois signant la course de sa vie, mais surtout aussi à l'encontre de son employeur réalisant sans doute la plus belle épreuve depuis le début de saison. Cela frise même la faute professionnelle...
Avec seulement quatre secondes d'écart ce soir entre les deux pilotes Hyundai, la bataille continuera sans doute jusqu'à la fin entre deux pilotes orgueilleux aux égos surdimensionnés. Même si des consignes ont été données. En espérant que cela passe jusqu'au bout et que Tanak ne commette pas la même bourde que celle qui a déjà fait perdre le titre à son employeur lors de la finale japonaise en 2024. En pensant plus à ses intérêts personnels qu'à ceux de son équipe.
Derrière, les écarts restent serrés entre Rovanpera, Fourmaux, Katsuta et Evans qui va tout faire ce dimanche pour garder la tête du Mondial. Car ouvrir la route ne constitue pas un gros handicap en Finlande.
Dans la Coupe Ford, Grégoire Munster a logiquement connu une journée difficile en ouvrant la route. Et ce sera pareil demain pour l'étape finale vu qu'il n'y a encore eu aucun abandon. Terminer dans ce cas constitue son seul objectif réaliste. Même si cela risque de faire à nouveau un gros zéro pointé. Avec l'ordre de départ du samedi déterminé par le classement inversé du vendredi soir, le résultat de la première étape s'avère souvent déterminant. D'où l'importance d'avoir une auto directement bien réglée et d'être dans le rythme dès la première spéciale. L'un des points à travailler pour le licencié luxembourgeois et son équipier belge.

