WRC: Quarté Toyota aux Canaries, Rovanpera intouchable

il y a 7 mois Olivier de Wilde

Elfyn Evans possède désormais 43 points d'avance sur son équipier finlandais. Neuville 3e du championnat à 50 unités. Hyundai veut-elle encore mettre les moyens pour réagir ?

Quatrième manche du Championnat du Monde, le Rallye des Canaries a vite tourné à la démonstration pour Toyota et à une véritable humiliation pour Hyundai.

Sans la sortie de route de Sami Pajari samedi dans la 12e spéciale, les Yaris auraient monopolisé le Top 5, loin, bien trop loin devant les Hyundai dont le premier exemplaire termine à plus de deux minutes trente à la régulière.

Dominatrices, se pilotant comme un karting, tournant comme un train sur des rails, les WRC japonaises ont signé 18 scratches sur 18 (dont un ex-aequo avec la Hyundai de Fourmaux), Kalle Rovanpera n'en manquant que trois. Et certainement pas le dernier, celui de la Power Stage où l'homme très bien sconde par Jonne Halttunen a collé quatre secondes à son plus proche poursuivant, Seb Ogier. Déjà impressionnant, son talent a sans doute été sublimé ici grâce à l'expérience acquise l'an dernier en circuit en Porsche Carrera Cup Benelux.

Rovanpera sans forcer

«J'aime bien les nouveaux rallyes, » souriait un Finlandais se relançant quelque peu dans la course au titre après un début de saison compliqué. « Nous avons réussi à trouver de bons réglages pour faire fonctionner les pneus Hankook et, honnêtement, je n'ai même pas dû forcer. Bravo à l'équipe. Je suis maintenant revenu à la deuxième place du championnat et je ne vais pas baisser les bras. »

Grand spécialiste du bitume, Sébastien Ogier, deuxième à 53.5 du vainqueur, ne pouvait que tirer son chapeau. « Après trois mois sans compétition, on manquait un peu de rythme et on a vite compris qu'on roulait ici pour la deuxième place. »

Le Français n'a en tout cas pas offert son premier accessit à son équipier gallois, troisième du général, de la Power Stage et de l'étape dominicale.

Ce qui permet à Elfyn Evans, très vite passé en mode gestion dans l'optique du championnat, de porter désormais son avance à 43 points sur Kalle Rovanpera et cinquante sur Thierry Neuville, retombé troisième. Tout comme Toyota au classement des constructeurs leur semblant déjà promis (les Japonais restent invaincus cette saison), le leader du Mondial a encore réalisé une excellente opération en prenant quatorze points supplémentaires à notre compatriote. C'est mérité pour un constructeur ne faisant pas les choses à moitié, engageant quatre voitures, parfois cinq et deux directeurs sportifs faisant partie de la légende du rallye.

Tanak : « Le pire week-end de Hyundai. »

Dans le camp coréen, si les pilotes ont continué à attaquer et surtout à chercher des solutions, c'est la soupe à la grimace. Battues sur la terre et la neige en début de saison, les Hyundai espéraient pouvoir se rattraper sur l'asphalte. On en est loin. Et l'on peut se demander après cette belle gifle si l'usine d'Alzenau a encore envie de consacrer les moyens nécessaires pour réagir, comprendre mieux ces nouveaux pneumatiques et donner la réplique lors de la prochaine épreuve sur goudron, en octobre lors du Rallye Centrale Europe. Ou si Thierry Neuville peut déjà faire une croix sur ses chances de conserver sa couronne.

Voilà une cuisante défaite confirmant en tout cas les rumeurs allant dans le sens de l'arrêt du programme WRC1 en fin d'année et la bascule, dès aujourd'hui, de la majorité des ressources financières mais aussi humaines sur le programme Genesis Hypercar. En l'absence de l'ingénieur belge Christian Loriaux, visiblement viré en décembre dernier après avoir dit à son patron Cyril Abiteboul sa façon de penser (à propos de la perte du titre constructeurs et du licenciement de certains de ses collègues), François-Xavier Demaison, l'ingénieur français ayant participé au développement et aux titres des VW Polo jadis, est venu prêter mains fortes à l'équipe. Mais, alors que les premières séances de tests de la Magma Racing GR01 vont débuter, on doute que le Français, responsable du programme en circuit désormais clairement prioritaire, soit beaucoup disponible dans les mois à venir. Et si Thierry Neuville a pris des cours de positivisme accéléré, il suffit de voir la tête tirée par Ott Tanak à chaque point stop pour comprendre la galère dans laquelle sont embarqués les pilotes Hyundai ayant le choix ce week-end entre sous et survirage.

« On a vécu notre pire week-end en tant qu'équipe, » a résumé le champion 2019. « Au moins, j'ai gagné la Hyundai Cup, » se consolait Adrien Fourmaux privant Toyota du carton plein avec un scratch sur la courte spéciale tracée sur une piste de karting.

Thierry Neuville s'apprêtait à reprendre le meilleur sur le Français quand une crevaison dans l'antépénultième spéciale lui a coûté plus d'une minute, la cinquième place (il termine 7e à 3'40 finalement) et une poignée d'unités. Rageant : « Ce n'est clairement pas le résultat qu'on espérait, » analysait le Belge. « On a passé un mauvais week-end en mettant le doigt là où cela fait mal. On doit travailler encore plus. Dommage cette crevaison vraiment malchanceuse. Sans cela, on aurait encore bien limité les dégâts. »

Du côté de Ford, on ne s'attendait à rien de mieux des Puma. Là aussi les moyens sont limités, encore plus que chez Hyundai. Du coup, les jeunes Greg Munster et Josh McErlean font ce qu'ils peuvent. Et parfois dépassent les limites ce qui s'est soldé ce week-end par une sortie de route chacun. Grâce à l'aide des spectateurs, le Belge a toutefois pu repartir après trois minutes pour finalement terminer 11e et rentrer bredouille. Derrière Yohan Rossel, huitième et vainqueur en WRC2 sur sa Citroën C3 après avoir eu l'honneur de partager un scratch avec ses compatriotes Fourmaux et Ogier sur la spéciale show.

Wilson doit viser l'intérêt général et le WRC2

Avec une hiérarchie trop clairement établie entre les trois constructeurs, on s'est ennuyé aux Canaries où le rallye a toutefois encore démontré son énorme popularité auprès du public. On espère que la présence désormais de Malcolm Wilson au poste de vice-président de la FIA permettra de trouver rapidement des solutions afin d'éviter dans le futur d'autres processions Toyota et surtout la domination du seul constructeur s'investissant encore correctement en rallye. Un passage au WRC2 s'impose. Elles sont déjà 55 inscrites au prochain Rallye du Portugal ! Vous imaginez la bagarre si on ajoutait encore la dizaine de pilotes WRC1 actuels ?

Pourvu que le Gallois aux désormais deux casquettes vise l'intérêt général et non pas celui de sa société M-Sport souhaitant visiblement encore amortir ses Puma WRC1 une année de plus. Car des scénarios comme celui des Canaries ne fait pas la publicité d'une discipline déjà dans l'ornière...

Classements du championnat du monde :

Pilotes : 1. Evans (GB) 109 points ; 2. Rovanpera (Fin) 66 ; 3. NEUVILLE 5BEL) 59 ; 4. Ogier (Fra) 58 ; 5. Tanak (Est) 57

Constructeurs : 1. Toyota 208 ; 2. Hyundai 157

Photo Toyota

Mots-clés: Rallye Sports Moteur

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