WRC : Il reste trois rallyes à Hyundai et Neuville pour sauver leur saison
Auréolé l'an dernier au terme d'une saison à laquelle n'avaient pas participé intégralement Sébastien Ogier et Kalle Rovanpera, Thierry Neuville vit cette année un véritable cauchemar en Championnat du Monde des rallyes.
On peut en dire autant de Hyundai d'ailleurs à qui Toyota inflige cette année une véritable humiliation avec un 10-1 indigne d'un grand constructeur.
Les raisons du manque de compétitivité des Coréens sont multiples. Il y a d'abord eu le départ forcé de l'ingénieur belge Christian Loriaux, apparemment viré pour avoir osé dire la vérité au boss Cyril Abiteboul remerciant ses collègues les uns après les autres.
Car depuis milieu de la saison dernière déjà, la priorité n'est plus le rallye, mais bien le nouveau programme Hypercar qui débutera en 2026 avec Genesis dont quatre pilotes ont d'ailleurs été confirmés : avec Daniel Juncadella et le jeune Français Mathys Jaubert aux côtés de Pipo Derani et d'André Lotterer. Et on attend les prochaines officialisations de Stoffel Vandoorne et de Paul-Loup Chatin comme annoncé ici en primeur voici quelques semaines.
Après moult hésitations, pour respecter avant tout son engagement vis-à-vis de la FIA, Hyundai a finalement décidé de rester une année supplémentaire en rallye. Mais le développement a été arrêté depuis mars dernier. Ordre a été donné de réduire la voilure à tous niveaux. Pas étonnant dès lors qu'Ott Tanak tirait la gueule avant l'Estonie (encore plus que d'habitude) et que le manager de Thierry Neuville se soit renseigné à la concurrence...
Mais chez Toyota on est déjà plus que complet. Il va même falloir faire des choix car on imagine mal les Japonais aligner six Yaris à l'année la saison prochaine...
Voilà en tout cas qui n'augure rien de bon pour 2026. Car on imagine mal comment Hyundai pourrait, en investissant et s'investissant moins, inverser la tendance.
« Nous ne sommes tout simplement plus au niveau de Toyota, » a déclaré à Dirtfish un Martijn Wydaeghe dépité à l'issue du dernier Rallye du Chili. « Le vendredi on limite encore les dégâts grâce à notre meilleure position sur la route, mais le samedi, à conditions égales, on n'est plus capable de suivre les Toyota. C'est inquiétant pour l'avenir. On va essayer de se préparer au mieux pour le prochain rendez-vous sur asphalte dans un mois où l'on espère pouvoir viser au moins le podium. »
Le Saint-Vithois n'ose plus trop parler de victoire. Sa dernière remonte à la Grèce l'an dernier, le 8 septembre 2024, il y a maintenant plus d'un an.
Eviter une triste première dans l'histoire
Il reste donc trois épreuves à Hyundai et à notre représentant pour sauver une saison plus que décevante. Et que 2025 ne soit pas la première année sans succès pour Thierry depuis 2015, soit une décennie. Et surtout pour ne pas devenir le premier champion du monde de l'histoire à étrenner son titre sans un seul succès l'année suivante alors qu'il conservait un volant à temps plein pour une usine.
Le dernier champion du monde qui n'a pas gagné une seule fois avec un programme complet l'année suivante est Carlos Sainz en 1993. Mais l'usine Lancia s'était retirée et l'Espagnol courrait cette saison-là pour le team privé Jolly Club.
Avant lui, il y avait eu Juha Kankkunen après son 2ème titre de 1987. Mais le Finlandais n'avait disputé que cinq des onze rallyes au programme en 1988.
Idem pour Stig Blomqvist jamais premier en 1985, mais néanmoins encore vice-champion du monde avec son Audi Sport en ayant raté quatre rallyes.
Quant à Ari Vatanen, sacré en 1981, il n'avait pris le départ que de trois épreuves sur Ford Escort l'année suivante...
Dans le cas de Thierry qui est resté au sein de l'équipe avec laquelle il a été couronné et a bien disputé toute la saison, invoquer la seule infériorité du matériel ou une noire malchance n'explique pas tout.
Trois fois moins de scratches que Tanak
Il est sans doute juste de dire que notre pilote, au même titre que Kalle Rovanpera, s'est moins bien adapté aux nouveaux pneus Hankook. Ou avait l'avantage de mieux connaître les Pirelli.
Car il n'y a pas que sur le nombre de victoires (cinq pour Ogier, deux pour Evans et Rovanpera et une pour Tanak et Solberg Jr) que notre ambassadeur est clairement déficitaire.
La statistiques du nombre de scratches sur la saison est édifiante : Ott Tanak en compte aujourd'hui 48 et est donc le meilleur performer devant Kalle Rovanpera (44) et Sébastien Ogier (42).
Loin derrière, on retrouve Adrien Fourmaux (19), Elfyn Evans (17) et Thierry Neuville seulement sixième avec 15 meilleurs temps, soit à peine cinq de plus que Katsuta et six de mieux qu'Oliver Solberg qui n'a disputé qu'un rallye en WRC1. Notre compatriote a clairement été dominé en vitesse pure cette année par son équipier estonien. Et tout cela en ayant pourtant souvent bénéficié d'une meilleure position sur la route.
C'est pire encore si l'on compte le nombre de spéciales où un pilote a été leader d'une épreuve puisque là on retrouve Seb Ogier en tête (49) alors qu'il a pris trois départs en moins que ses rivaux. Suivent Rovanpera (48), Tanak (39), Evans (36), Solberg (19) et Fourmaux (9).
Thierry n'est que septième de ce classement avec 5 spéciales seulement en tête du classement...
C'est dire que la malchance et le manque de perfos de sa voiture n'expliquent pas tout. Ott Tanak et Adrien Fourmaux ont jusqu'ici réussi une meilleure saison que lui. Hors-jeu pour le titre mondial (même si mathématiquement c'est encore jouable), il reste à nos compatriotes trois rallyes pour inverser la tendance et faire oublier une saison 2025 qualifiée simplement de « frustrante » pour notre champion du monde. C'est le moins que l'on puisse écrire...
Photo Hyundai


