Tom Heindrichs, Thomas Martens et Lander Depotter ont plus qu'un bon coup de « Volant »

il y a 1 mois Olivier de Wilde

Voici trois jeunes qui représentent l'avenir belge en WRC et mériteraient une aide financière de la fédération.

Vouloir sortir un talent de nulle part et en faire un champion est à la base un objectif louable. Mais la chance de le voir gravir ensuite les échelons jusqu'au sommet sont aussi grandes que d'avoir les six chiffres au tirage du Lotto. Sauf si vous avez les moyens d'investir des millions comme le font certains mécènes du sport auto en propulsant des jeunes pilotes au firmament. Et encore là, le pourcentage de réussite n'est pas super élevé. Car, fort heureusement, l'argent n'achète pas tout.

Depuis quinze ans, le RACB s'est lancé dans l'organisation de « Volants ». La même chance pour tous, le slogan de leur principal sponsor. Mais l'on sait que, dès la sélection, cela n'a pas été souvent le cas. Cela n'a pas toujours été les plus rapides qui ont été pris. D'ailleurs, ils ne s'en cachent pas. « Il n'y a pas que le chrono qui compte ». C'est bien pour cela d'ailleurs que les finales se disputent toujours à huis clos. Si vous êtes issu d'une famille fortunée, connaissez des personnes influentes au sein de la fédé ou êtes pistonné par un des membres du jury ou du RNT, cela peut toujours aider...

Les statistiques ne mentent pas. Prenez l'exemple de la monoplace : Hormis Stoffel Vandoorne vainqueur du fameux « Volant » en 2009 (merci à McLaren et Ron Dennis surtout), un seul autre lauréat est devenu pilote professionnel, mais pas en formule. A côté de cela, trois d'entre-eux ne roulent plus (Benjamin Bailly, Neal Van Vaerenbergh et Ulysse De Pauw), tandis que le dernier (Yani Stevenheydens) est dans une impasse après avoir été lâché par le RNT après deux saisons en F4. Seul Dries Vanthoor a réussi à devenir professionnel grâce à un réel talent, aux investissements de son père et en claquant la porte du RNT après un an pour se faire manager par Vincent Vosse et se lancer en GT.

L'avenir en monoplace assuré avec quatre jeunes brillants en F4

Il a donc été décidé de changer son fusil d'épaule et d'enfin faire ce qu'ils avaient refusé il y a dix ans quand nous avions créé la WRT Karting Academy  (trois des quatre jeunes sont devenus professionnels et le quatrième champion de Belgique des rallyes): aider un ou plusieurs talents dès dès le kart.

Et leur investissement a été récompensé puisque leur poulain Thibaut Ramaekers est devenu récemment champion du monde de karting en catégorie Senior. Deux ans après le titre mondial Junior de Dries Van Langendonck qu'ils ont habilement récupéré par la suite. Et ART d'un côté (avec un mécène belge derrière) et McLaren de l'autre ont pris le relais en F4 ou deux autres compatriotes brillent déjà avec le nouveau champion d'Espagne Thomas Strauven et le champion rookies Ean Eyckmans.

Avec ces quatre jeunes doués qui n'ont gagné aucun « Volant RACB » (et le Richard Mille remporté par Eyckmans Junior avec Nicolas Todt derrière ce n'est pas la même chose !) mais sur lesquels la famille investit en kart depuis dix ans déjà (voir plus pour certains), on a une petite chance de retrouver un Belge en F1 d'ici trois ou quatre ans.

Il faudrait aujourd'hui appliquer le même principe en rallye. La fin de carrière en WRC de notre champion du monde Thierry Neuville approche tout doucement et on doit absolument préparer la relève.

Mais qui y a-t-il derrière ? Grégoire Munster est arrivé en WRC1, la F1 du rallye, sans aucune aide de la fédération. Au point qu'il en a pris sa licence au Luxembourg. A la place du RACB, nous aurions au moins déjà remis un « Honorary Mention » à son mécène belgo-grec Jourdan Serderidis qui a déjà aidé pas mal d'autres jeunes comme à l'époque Kevin Demaerschalk ou plus récemment Sébastien Bédoret.

Aucun vainqueur d'un « Volant » RACB n'évolue encore en WRC

Il faut aussi se rendre à l'évidence. Hormis le « Volant Ford » dont est issu Thierry Neuville qui doit aussi une fière chandelle à Michel Lizin, Philippe Bugalski, Marc Van Dalen, Nasser Al Attiyah et Malcolm Wilson (en plus de la fédé et de son manager bien sûr), aucun autre « Volant » n'a sorti un futur champion du monde : là aussi certains comme Kevin Demaerschalk ou Gino Bux ont disparu de la scène après avoir été mal conseillés et mis sous trop forte pression, tandis que Tom Rensonnet essaie de faire rebondir sa carrière à l'échelon national après deux saisons compliquées en Junior WRC3 où on ne lui a pas donné réellement les moyens de se battre face aux leaders.

Ne parlons pas du cas Guillaume de Mevius qui n'avait pas besoin de l'aide financière du RNT (les plus rapides lors de sa sélection étaient Polle Geusens et Guillaume De Ridder) et a décidé de réorienter sa carrière vers le Raid avec une certaine réussite et une deuxième place au Dakar à la clé.

Pas de nouvelle Mouton

Ni du réel gaspillage d'argent de l'opération Rally Girls. Mais c'est dans l'air du temps et cela arrange bien certaines personnes là-haut à la fédé puisque le seul siège qu'a réussi à conserver notre petite Belgique au Conseil Mondial de la FIA est à la « Commission des femmes en sport auto. »

Mais, même si on ne leur veut aucun mal et si elles ont le droit de rouler comme les mecs, ni Camille Mazuin, ni Lyssia Baudet ni Thyrsa Eertmans n'arrivent à la cheville de Michèle Mouton et n'ont un réel talent. Leur présence, c'est juste du marketing payé en grande partie par les importateurs Renault puis Opel qui vendent aussi beaucoup de voitures à des filles. D'ailleurs la Française vice-championne du monde n'aurait pas eu besoin de gagner un meilleur prix féminin. Elle a gagné face aux meilleurs rallymen du monde !

Rally Battle

Aujourd'hui, c'est mieux que rien certes, la Fédé a relancé la « Rally Battle », un volant dont émergeront deux jeunes de 18 à... 27 ans ! Rien que la limite d'âge en dit long sur les ambitions de ce programme. Qui pourrait imaginer un seul instant que le futur Neuville pourrait avoir 27 ans l'an prochain et rouler dans une Opel Corsa Rally6 de 145 chevaux ? Sérieusement ! Surtout dans une discipline où l'expérience du terrain et des rallyes compte autant.

Ce nouveau « Volant RNT » c'est juste bien sans doute pour susciter des vocations et peut-être, au mieux, trouver un futur champion de Belgique. Le Cross-Kart se développe en Belgique : c'est bien même si les trois jeunes Belges qui s'y sont le plus distingués ces dernières années s'orientent plutôt vers le circuit...

Pour aider vraiment les jeunes à se lancer en rallye aujourd'hui, il faudrait songer à autoriser les épreuves chez nous à partir de 17 ans (avec l'équipier effectuant les liaisons) quant on sait que dans certains autres pays, les jeunes débutent en rallye ou rallysprint à 14, 15 ou 16 ans. Et ouvrir la Fun Cup à partir de 14 ans au lieu de 16 pour les pilotes de kart internationaux. Pourquoi Dries Van Langendonck (15 ans) peut-il courir en F4 en Angleterre et pas en Fun Cup dans son pays ? Absurde !

Aider les jeunes rallymen à rouler à l'étranger dès 15 ans !

Savez-vous que Thomas Martens a commencé à rouler en rallye à 15 ans en Lettonie, Estonie ou Finlande. Une voie que suit aujourd'hui Charles Tsjoen, le fils de l'octuple champion de Belgique Pieter qui, à 16 ans à peine, dispute déjà des rallyes en Clio Rally3 et a déjà un coup de volant qui ferait certainement de lui le favori pour le « Rally  Battle ». Ah mais non, il est trop jeune même s'il est sans doute déjà meilleur que les futurs finalistes. Mais pourquoi alors ne pas former des jeunes comme Charles et Thomas en finançant en partie leur écolage ou participations à l'étranger ? Offre-t-on au moins la licence internationale à ces jeunes qui roulent en Scandinavie ou dans les états baltiques alors qu'ils n'ont pas encore de permis de conduire ? Histoire qu'ils se sentent quand même un peu soutenus dans leur démarche.

Aider les jeunes qui investissent déjà depuis des années sur leur carrière et veulent rouler en WRC3, WRC2, à l'échelon mondial ou européen, voilà ce que nous recommanderions si nous étions président de la fédération.

Le futur Thierry Neuville, s'il y en a un un jour, est plus son demi-frère Tom Heindrichs (21 ans), récent vainqueur de l'Opel ADAC Electric Cup des années lumières devant Thyrsa Eertmans, Thomas Martens (19 ans) qui possède déjà une belle expérience à l'étranger et en Mondial et a démontré ses capacités dès ses débuts en Rally2 à l'EBR ou encore le récent champion Junior Lander Depotter (22 ans). Et l'on pourrait sans doute encore ajouter le plus jeune champion de Belgique de l'histoire Maxime Potty, Leny Cols (à qui l'on souhaite un prompt rétablissement) ou le double champion Junior Jonas Dewilde.

Investir sur ceux qui investissent déjà depuis longtemps

Ceux là ne vont pas mettre dix euros pour rouler en simulateur et participer à la sélection Rally Battle d'où ils ne sortiraient de toute manière pas vainqueurs car trop qualifiés et il serait tellement stupide, un sacré pas en arrièrepour eux, de rouler en Rally6 l'an prochain.

Cela nous rappelle l'expérience de Gilles Magnus qui a dû se présenter trois fois à un « volant » avant que l'on reconnaisse enfin son talent. La première fois, on lui a dit qu'il était trop jeune. La deuxième qu'il était trop expérimenté. La troisième fois, après que WRT lui ait d'abord donné sa chance en GT3 à Zolder, on l'a enfin fait gagner et cela a lancé sa carrière avec le soutien d'Audi et d'Uhoda dont il défend toujours les couleurs. Mais que de temps perdu...

Voilà tout cela pour dire que faire rêver les jeunes en faisant gagner une saison en Corsa Rally6 pour 10 euros c'est super. Mais ce n'est, à nos yeux, pas cela qui nous amènera un nouveau champion du monde dans les années à venir. Même si l'exemple de Thierry Neuville pourrait faire croire le contraire.

Mais les miracles n'arrivent pas souvent. Inutile de vouloir sortir à nouveau un lapin de son chapeau, un pilote que personne ne connaît, partir d'une feuille blanche sans encore aucune note. En quinze ans, le monde a changé. Pour arriver au top en Mondial aujourd'hui, rivaliser face à des Kalle Rovanpera ou Oliver Solberg dont le landau avait déjà quatre roues motrices, il faut démarrer très très jeune. Et surtout on n'y arrive pas sans argent, sans réseaux. Il vaut donc mieux investir sur ceux qui ont déjà construit quelque chose de solide seuls. Ceux qui à 19 ou 20 ans ont déjà une belle expérience en rallye. Quitte peut-être à ne pas devenir leur manager...

Photo Opel ADAC

Mots-clés: Rallye Sports Moteur

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