Richard Millener : « Il y a plus à gagner sur le pilotage que sur la Puma »
Trois victoires, une dès les débuts avec Sébastien Loeb au Monte-Carlo 2022, puis deux grâce à Ott Tanak l'année suivante en Suède et au Chili, quelques podiums l'an dernier avec Adrien Fourmaux, le palmarès de la Ford Puma WRC1 n'est pas très éloquent.
Logique quand on sait que M-Sport est un team privé, soutenu par Ford (la marque à l'ovale n'apporte pas 25% du budget), se battant face à deux des trois plus puissants constructeurs mondiaux.
Nommé désormais vice-président de la FIA, Malcolm Wilson s'est toujours battu avec nettement moins de moyens que ses rivaux Toyota et Hyundai. Moins de la moitié très certainement. Il n'y a donc pas de miracle.
Quand le team britannique pouvait encore s'offrir les services de pilotes officiels, des champions comme Loeb ou Tanak ou des espoirs expérimentés tels que Craig Breen ou Adrien Fourmaux, ils ont encore pu faire illusion.
Mais depuis que l'équipe est uniquement constituée de pilotes payants, seul moyen pour réussir à nouer les deux bouts et encore être là, c'est nettement plus compliqué. D'autant que le manque d'argent limite considérablement les essais et le développement. Du coup, les Puma se battent généralement entre elles dans la deuxième moitié du Top 10 avec pour meilleur résultat jusqu'ici cette année la 5e position de Grégoire Munster au Safari un peu dans le rôle d'Hulkenberg avec Sauber en F1.
Pourtant, le directeur sportif de l'équipe refuse de baisser les bras et surtout d'admettre que la Ford n'est tout simplement pas assez compétitive pour lutter avec les Yaris et les i20 WRC1.
« Hyundai n'a pas encore gagné une course non plus face à Toyota cette saison, » fait tout d'abord remarquer Richard Millener dans un entretien accordé à Dirtfish. « La barre est extrêmement haute. Nous avons consenti de gros efforts pour engager Martins Sesks, mais soyons honnêtes, il sera très difficile pour l'espoir estonien de revendiquer un podium d'ici à la fin de la saison. Car il roule moins que les autres et surtout on fait moins de séances de tests. »
La Puma n'évolue plus depuis quelques courses, mais le principal problème ne se situe pas là selon Millener : « Si nous avions plus de budgets, nous travaillerions sur les suspensions, le différentiel. Mais la différence ne serait pas aussi significative que le gain que nous pourrions avoir en termes de pilotage. Grégoire Munster, Josh McErlean et Martins doivent adapter leur conduite aux nouveaux pneus Hankook. C'est notre plus gros souci cette année. Quand je vois qu'ils perdent sept secondes dans la première spéciale show au Portugal, sur 3 km, ce n'est pas normal. Je devrais les envoyer faire un stage pour apprendre à avoir un pilotage plus agressif, être plus vite dedans. »
Voilà une critique à peine déguisée de ses pilotes...
« Quand j'analyse certains chiffres, les écarts dans certaines spéciales, à l'accélération, je me dis que notre voiture n'est pas si mal que cela par rapport à la concurrence. D'ailleurs de temps en temps, on signe des bons chronos. Mais on manque de régularité. Plutôt que de critiquer la voiture, nos pilotes doivent se concentrer sur eux-mêmes, adapter et améliorer leur style de conduite .»
En Sardaigne cette fin de semaine, les trois pilotes Ford partiront très loin, Grégoire Munster, le mieux classé des trois au championnat, occupant une lointaine 9ème place avec 18 points, soit cent de moins que le leader Evans. « S'il fait sec, nos positions de départ sont idéales pour cette épreuve où le phénomène de balayage est conséquent. Je vois bien Martins Sesks signer des chronos parmi les meilleurs ce vendredi. Un Top 5 devrait être jouable pour une Puma ce week-end. »
Face à cinq Yaris et trois Hyundai très bien pilotées, ce sera dur quand même. Ce sera peut-être plus facile trois semaines plus tard en Grèce, là où il devrait y avoir plus de casse et donc d'opportunité de bon résultat.
Richard Millener semble clairement plus croire dans les chances de Sesks. Espérons que cela touche positivement dans son orgueil son équipier belgo-luxembourgeois capable aussi de belles choses quand il est bien réveillé et met tout ensemble. On compte sur notre Grégoire Munster pour ramener lors de l'une des deux prochaines épreuves, le résultat que son team attend plutôt de son équipier estonien. Mentalement, Greg a besoin d'un déclic pour lâcher ses coups et donner le meilleur de lui-même. Il en va de son avenir. En Italie, son mentor et ami Jourdan Serderidis s'élancera pas loin derrière lui. C'est le moment aussi de lui montrer qu'il a misé sur le bon cheval et que la progression est toujours là.


