La Porsche 992 devra être « bopée » pour le BRC 2026
Avouons le de suite. Cette polémique-là, franchement, on ne l'avait pas vu venir. En début d'année, beaucoup de monde avait souri en apprenant que le champion en titre Cédric Cherain allait remettre son titre en jeu au volant de la toute nouvelle Porsche 992 Rally GT développée par l'équipe de Lionel Hansen.
Mais samedi dernier, la domination du Porschiste sur des spéciales encore très grasses lors de la boucle matinale n'a plus fait rire personne dans le camp des nombreux pilotes et préparateurs ayant investi dans des Rally2. Et quand le Liégeois a déclaré sur le podium qu'il voulait récupérer la couronne en 2026 au volant de sa 992, cela a suscité la grogne dans le camp de ses rivaux.
Car si le nombre de candidats au titre a déjà diminué de moitié par rapport à il y a trois ou quatre ans, il ne faudrait pas encore les diviser entre deux catégories fort différentes et actuellement incomparables.
« Les pilotes de Rally2 refusent de jouer les faire-valoir »
« La première chose que je tiens à dire est que Cédric Cherain est un excellent pilote, » insiste le nouveau champion de Belgique des copilotes Renaud Jamoul, l'équipier de Jos Verstappen. « Il l'a démontré l'an dernier en imposant la Hyundai Rally2. Tout le monde ne sait pas emmener une Porsche comme lui. Mais aujourd'hui, il est difficile de dire quelle est la part du pilote, de la voiture et des pneus dans sa victoire à Saint-Vith. On compare vraiment deux choses différentes. La 992 a 180 chevaux de plus que nous, le traction control. Dans la deuxième spéciale, sur du mouillé, il nous a collé 13 secondes en 14 km. Le problème vient en partie de la limitation des pneumatiques pour les Rally2. Comme Kronos ne veut pas amener 10.000 pneus sur chaque rallye, nous n'avons pas à chaque fois droit à toute la gamme de Michelin. Ici, nous n'avions pas de slicks supers tendres utiles pour le froid ou le gras. Du coup, on a monté des pluies alors que les Porsche avaient le choix entre les pluies et les supers softs. C'est déjà un premier problème à régler. »
Le suivant est celui de l'équivalence de performances : « Si cela reste ainsi, en 2026 je peux vous donner le nom du vainqueur en fonction de la météo. S'il pleut au Haspengouw, la Porsche n'a aucune chance. Et s'il fait sec au Wallonie, les Rally2 n'ont aucune chance. Il ne faut surtout pas interdire les Porsche qui sont très spectaculaires et apportent quelque chose au championnat, mais il faut trouver un meilleur équilibre avec les Rally2 qui constituent la majorité du plateau. Sinon, nous irons rouler ailleurs. Potty en fera de même. Et les Flamands resteront chez eux. Il n'y aura plus personne pour participer à l'intégralité du championnat. »
« On pourrait enlever 50 chevaux et ajouter 30 kg à la 992 »
Consciente du problème, la fédération est déjà en quête de solution.
« La Porsche a une fiche d'homologation FIA que nous respectons, » souligne Lionel Hansen, à la base du projet 992 Rally GT. « Mais celle ci prévoit que l'on puisse facilement réduire la puissance avec un système de bride plus grande ou plus petite selon les types de parcours. Il est clair que la Belgique avec ses longues lignes droites et ses quittés favorise la puissance. Eh bien pas de problème. Je suis tout à fait d'accord que l'on passe par exemple de 490 à 450 chevaux et qu'on nous impose par exemple 30 kg de plus par rapport à notre poids minimum d'homologation de 1320 kg. Cela éviterait à nos clients de devoir investir 21.000 euros pour acheter un kit d'allègement leur permettant d'atteindre ce poids minimum. »
« La multiplication des anti-cuts favorisent la Porsche »
Lionel Hansen amène encore deux autres éléments au débat : « On a vu cette année la multiplication des anti-cuts sur les spéciales belges. Cela donne cinq secondes d'avantage par spéciale à la Porsche. Quant au débat des pneus, je voudrais préciser qu'effectivement on a utilisé des pneus supers tendres à Saint-Vith, mais nous n'avons pas bénéficié de plus de trois types de pneus. Les Rally2 avaient des différents certes, mais cela on ne peut pas nous le reprocher. L'année prochaine, ils n'ont qu'à mettre les supers tendres dans leur gamme pour l'EBR également. »
Comme cela se fait en circuit déjà depuis plus d'une dizaine d'années, la fédération va donc devoir instaurer une sorte de BOP (Balance de Performances) afin qu'il y ait de la bagarre entre les GT et les Rally2. Et cette BOP pourrait être ajustée en fonction des rallyes. « Tout à fait, mais pas en fonction des pilotes ni de la météo, » insiste Lionel Hansen souhaitant l'arrivée de l'Alpine A110 RGT+ telle qu'elle roule déjà en France aux mains d'Astier ou de Robert.
« Il s'agit d'une homologation française spécifique pour l'instant interdite en Belgique. Ils ont par exemple changé le turbo et le collecteur par rapport à l'homologation FIA de base. Mais cela va changer. J'ai entendu dire que l'Alpine RGT+ pourra rouler chez nous l'an prochain. Mais elle sera également adaptée au terrain belge. Le RACB dira dans quelles conditions, à quel poids et avec quelle puissance elle peut rouler. Et si Maxime Potty en achète une et atomise tout le monde au Haspengouw, il suffira de revoir la BOP pour la manche suivante. Et l'inverse s'il était largué par exemple par rapport aux Porsche. Moi je ne veux surtout pas que l'on gagne facilement. Mais je ne veux pas non plus que l'on pénalise Cédric parce qu'il est super bon. 22 rallyes d'affilée en Porsche sans une griffe ! Je suis totalement disposé à me mettre autour de la table avec tous ceux qui sont intéressés à participer au championnat en Rally2 ou avec une autre RGT. Je veux que l'on trouve le meilleur compromis dans l'intérêt de tout le monde. »


