Jourdan Serderidis : « Pour mon premier Dakar, je veux avant tout terminer »
Jourdan Serderidis aura tout juste eu le temps de passer Noël en famille. A peine revenu du Safari Classic avec son beau trophée, le « gentleman driver » de 62 ans a dû déjà songer à refaire ses bagages. Dès mardi prochain, il reprendra l’avion direction cette fois l’Arabie Saoudite pour son premier Dakar avec un Ford Raptor de chez M-Sport.
Jourdan ce podium en Porsche au Kenya c’était attendu ?
« C’était l’objectif, oui. Il y a deux ans déjà (cette épreuve hors du commun est organisée une année sur deux) nous pointions dans le tiercé de tête quand on a cassé le moteur. Cette fois, on a fait une course très stratégique, intelligente, bien gérée par Greg (Munster) à ma droite. Pour aller au bout, il faut vraiment soulager la mécanique car dès que tu accélères, cela fait mal à l’auto. »
Tu as roulé durant les 23 spéciales et les neuf jours ?
« Bien sûr ! Il n’a jamais été question de céder le volant à mon copilote. »
Était-ce au final une bonne préparation à quatre semaines de ton premier Dakar ?
« Dans un sens oui pour le côté endurance puisqu’on a tout de même passé neuf jours dans l’auto. Physiquement, c’est un bon entraînement. Maintenant, c’est un tout autre type de pilotage. Comme je viens de le dire, la Porsche il faut la préserver, tu dois freiner pour les cassis, les bosses. Le Raptor par contre est très solide et absorbe tous les chocs. Au Maroc, je devais me forcer pour garder gaz à fond, mais cela passe et cela reste fiable. »
« Je sais qu’on va se perdre, mais bon je suis là avant tout pour m’amuser »
Le Dakar sera déjà ton quatrième départ en raid après la Baja Aragon, l’Ultimate au Portugal et le Rallye du Maroc. Tu apprécies cette nouvelle discipline ?
« Il y a des côtés qui me plaisent beaucoup. J’aime la découverte, rouler au cap avec un œil au loin et l’autre devant le capot. Par contre, partir 20 jours pour le Dakar, c’est long, trop long. Je n’aime pas être aussi longtemps loin de ma famille. Je préfère le format plus court des manches du WRC ou du championnat grec. »
Pourquoi avoir décidé au final de prendre le départ avec Grégoire Munster dans le rôle de copilote ?
« Quand Fred (Miclotte) m’a prévenu qu’il avait un client pour le Monte-Carlo et que ce n’était plus possible pour lui de partir en Arabie, j’ai dû faire un choix. Soit je me payais les services d’un équipier expérimenté mais que je ne connaissais pas. Soit je partais avec Greg aux côtés duquel cela s’est extrêmement bien passé au Safari, tant dans la voiture qu’en dehors. Bien sûr ce n’est pas la même chose. On va un peu galérer au début car Grégoire ne connait rien à la navigation. On va se perdre. Mais bon je suis là pour m’amuser avant tout. Mon copilote est très intelligent, très 2.0. Il va apprendre très vite, j’en suis sûr. »
Et la proposition à Greg de se retrouver au départ du Monte-Carlo dans la foulée sur ta Puma WRC1 est venue avant, après ou en même temps ?
« Après. Je lui ai fait constater que sa participation au Dakar ne l’empêchait d’être au départ des reconnaissances du Monte-Carlo. Comme il n’avait rien au final, je lui ai proposé de rouler sur ma Puma. »
« Grégoire Munster est un pro. S’il ne reçoit pas de propositions de contrats, il doit faire autre chose de sa vie. »
Et après ? Quelle sera la suite de son programme 2026 ?
« Je l’ignore encore. Pour l’instant, il n’a pas grand-chose d’autre, je crois. C’est un pilote professionnel. Il doit recevoir des propositions de contrats. Si cela ne vient pas, c’est qu’il n’intéresse pas les constructeurs. Et si c’est le cas, il doit faire autre chose de sa vie. Il a quelques contacts à droite et à gauche et je pense qu’il finira par trouver un volant. »
De ton côté, quelle sera ton ambition pour ton premier Dakar ?
«Terminer. Il y a déjà plein de possibilités de ne pas aller au bout. On va donc essayer de rouler avec sa tête. Je ne sais pas si je vais perdre dix minutes ou deux heures quand on va se planter. Il va falloir gérer les pénalités. Au Maroc, on en a prises beaucoup. Il faut bien comprendre les règles du jeu. Mais nous disposons d’un top véhicule et d’une top équipe donc je dirais que si on ne fait pas de grosse bêtise un Top 20 doit être jouable. »
Ce n’est pas trop dur physiquement quand on a une bonne soixantaine d’années ?
« Je suis en bonne forme et assez endurant. Au Maroc, je n’ai jamais été en souffrance. Je suis les conseils de mon ami et équipier Nani Roma notamment au niveau de mon alimentation. Il m’a aussi expliqué comment passer des dunes sans risquer de partir en tonneau derrière. Je vais faire le voyage avec l’Espagnol qui est un précieux allié. »
Chaque année, on assiste a de gros crashes sur le Dakar. Tu ne redoutes pas l’accident ?
« Non, je n’ai pas peur. On a été bien conseillés et on ne va pas faire les fous non plus. Ma principale crainte, c’est la navigation. Mais Greg a pris des cours accélérés avec Alex Arrow, le copilote de Roma. Il lui a appris les bases. Maintenant sur le terrain, c’est toujours un peu différent… »
La suite de ton programme se décidera après le Dakar ?
« Exactement, c’est ce que j’ai dit chez M-Sport. On fait d’abord le Dakar et plus si affinités. J’ai beaucoup roulé ces derniers temps et je voudrais être un peu plus au calme lors de la première partie de l’année 2026. J’aimerais disputer le championnat de Grèce avec ma Skoda Rally2 plus l’Acropole en WRC. Je dois subir une petite opération aux yeux fin janvier et si tout se passe bien, j’aimerais aussi revenir au Rallye des Ardennes, toujours avec la Fabia. »
Photo FB Serderidis

