Guillaume De Mevius (Mini) au Dakar : « Le Top 5 comme base de départ »
Honnêtement, on n’a jamais réellement compris son choix. Alors que les perspectives à long terme étaient bien meilleures chez Toyota Overdrive, avec une nouvelle voiture arrivant et la possibilité de passer pro en 2026, Guillaume de Mevius a opté pour Mini après son exploit de 2024 avec une fantastique deuxième place finale.
Sans doute s’est-il laissé séduire par les beaux projets de son ami et équipier français Guerlain Chicherit. Mais aujourd’hui, la société de l’ancien champion de freeride qui amenait une grande partie du budget avec ses sponsors est en redressement judiciaire après la faillite d’une de ses entreprises montagnardes et le Namurois se retrouve tout seul à défendre les intérêts du buggy Mini engagé à titre privé par l’équipe X-raid de Sven Quandt.
Non seulement, il n’est toujours pas pilote officiel payé pour rouler, mais il doit encore financer une partie de sa participation, notamment avec des partenaires comme Red Bull. Et un Dakar, cela coûte cher, très cher. 700 à 800.000 euros selon les teams. Un peu moins qu’une LMP2 de pointe pour les 24H du Mans.
Bien sûr, sur un Dakar, tout est toujours possible. Mais quand on voit l’armada des équipes officielles Dacia, Toyota et Ford, on se dit que les places dans le Top 10 vont être très chères. Du coup, les ambitions de Guillaume nous semblent très optimistes :
« Mon objectif est de me placer dans le top 5 dès le début de la course. Le Dakar est une épreuve longue, imprévisible, pleine de rebondissements. Une fois que l’on est dans le top 5, tout peut arriver. Bien sûr que nous voulons gagner, mais le premier objectif est d’être bien positionnés. Et croyez-moi, on fera tout notre possible pour essayer de l’emporter avec une Mini plus fiable et plus performance qu’en 2025.
Le Dakar ne se résume pas à gagner des étapes. Il s’agit d’être performant partout, sur tous les terrains, pendant deux semaines. Les vainqueurs du Dakar ne sont pas ceux qui gagnent des étapes, mais ceux qui sont toujours bons partout. »
Bon, honnêtement, la victoire au volant d’une Mini, on n’y croit pas du tout. Ce serait déjà plus que magnifique de pouvoir monter à nouveau sur le podium pour l’outsider belge et de terminer meilleur pilote privé. Il a besoin impérativement d’un top résultat pour pouvoir revenir sur ses pas et signer avec une usine. Car là, on l’a bien vu l’an dernier, il s’est fourvoyé sur une mauvaise piste…
Une belle aventure humaine
Mais plus que le sportif, c’est l’aspect humain qui cette année va faire parler du cadet des de Mevius. Seulement vingt-deuxième de la dernière édition avec une victoire lors de la sixième étape pour sa première aux côtés de notre compatriote, le Français Mathieu Baumel, quadruple vainqueur de l’épreuve, a traversé la pire épreuve de sa vie quelques semaines plus tard. Alors qu’il suivait le Monte-Carlo historique et tentait d’aider un équipage en panne du côté de Reims, l’ex-copilote de Nasser Al Attiyah a été fauché par une dame de 73 ans qui n’avait pas vu la voiture arrêtée.
Pour éviter un trop long processus de rééducation et risquer de ne jamais retrouver l’usage normal de sa jambe droite, il a préféré choisir l’amputation.
Et huit mois plus tard, cette véritable force de la nature et exemple pour tous les handicapés effectuait son retour à la compétition avec sa jambe en carbone et terminait 2ème de la Baja Portugal aux côtés de Guillaume de Mevius qui l’a toujours soutenu dans ses galères. On peut croire que cela a encore fortement renforcé leur amitié et on se doute que Mathieu a plus que jamais envie de bien faire pour son retour au Dakar. Le voir au départ constitue en tout cas une belle revanche sur son terrible destin.
« Il est super entraîné. On a fait un test ensemble au Portugal et en Arabie Saoudite et, après quelques aménagements liés à son handicap, il est revenu à son meilleur niveau, » rassure Guillaume.
En cas de crevaison, pour plus d’efficacité et de rapidité, Mathieu enlèvera sa prothèse a-t-on appris de Fabien Lurquin qui n’a pas manqué de lui tirer son chapeau : « Un grand respect à lui. C’est un vrai passionné, un pur et dur. »
On sera donc doublement intéressé par la progression de Guillaume et Mathieu lors d’une épreuve qui débutera le samedi 3 janvier par un prologue de 25 km servant à déterminer l’ordre de départ le lendemain.
Photo FB Mathieu Baumel

