Grégoire Munster : « Il est encore beaucoup plus dur pour un jeune d'accéder au top en WRC qu'en F1 »

il y a 3 mois Olivier de Wilde

Même s'il traverse une période difficile, le pilote Ford continue à y croire. « Les gagnants d'aujourd'hui sont souvent ceux qui ont échoué trois fois mais n'ont jamais abandonné.  Le succès d'Oliver Solberg en est le parfait exemple, » affirme le Belgo-luxembourgeois.

Il reste cinq courses à Grégoire Munster pour sauver une saison 2025 décevante seulement marquée par un premier scratch à Monte-Carlo et un Top 5 au Safari. Pour le reste, le pilote Ford a trop souvent accumulé les déboires et des performances en deçà des attentes, les deux étant parfois liés.

A la veille du Rallye du Paraguay, le belgo-luxembourgeois s'est confié à nous.

Grégoire, quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison ?

« Sur le papier, en termes de résultats, c'est clairement moins bien qu'en 2024. Il y a euun changement de règlement. On a perdu le système hybride. Cela a réduit le poids et surtout la répartition des masses et donc l'équilibre de la Puma WRC1. Hélas, on a pas assez de budget pour effectuer les tests nécessaires de mise au point et cela s'avère compliqué. Je retiens néanmoins quelques moments positifs comme mon meilleur temps au Monte-Carlo et ma cinquième place au Kenya. En Grèce, je pointais aussi dans le Top 5 avant de devoir abandonner suite à un problème de réservoir d'essence. »

Espérez-vous encore pouvoir renverser la vapeur et terminer l'année sur une meilleure note ?

« Clairement, oui. Les cinq dernières manches devraient nous être plus favorables. Le Paraguay ce week-end est nouveau pour tout le monde. Une nouvelle épreuve signifie nouvelle note, des réglages approximatifs. C'est propice aux erreurs, aux plus gros écarts. Cela peut créer des opportunités. Ce sera pareil lors de la finale en Arabie Saoudite. Le Central Europe est une épreuve qui nous convient bien. Pareil pour le Japon où l'on a déjà brillé. On reste optimistes. »

Les deux dernières épreuves, en Estonie et en Finlande, ont été particulièrement difficiles pour vous.

« C'est exact car j'ai à chaque fois commis une erreur lors de la première boucle. Sur un rallye où les écarts sont infimes quand tu perds 16 secondes d'un coup, il est très difficile de les rattraper. A deux reprises, je me suis retrouvé à devoir ouvrir la route le samedi. Quand tu te retrouves dans cette position, tu sais que ton rallye est à la poubelle. Tu peux juste emmagasiner de l'expérience en terme de balayage. »

On a l'impression que Martins Sesks et votre nouvel équipier Joshua McErlean font du meilleur boulot que vous ?

« Et pourtant je les devance au championnat. Cela dépend vraiment des rallyes. Martins a fait des trucs incroyables en Pologne, Lettonie, Suède, Estonie et Finlande, des épreuves qu'il connait très bien. Mais ailleurs il est bien derrière. C'est pareil pour Josh. Personne ne le connaît car il vient du WRC2 sous-médiatisé. Mais il s'agissait de sa 5ème participation au Portugal ou en Sardaigne. Et tout le monde sait que l'expérience, la connaissance du terrain est primordiale en rallye. Au Monte-Carlo ou aux Canaries, l'Irlandais n'affichait pas le même rythme. Ils ont déjà eu leurs épreuves les plus favorables. Les miennes arrivent... »

Que pensez-vous de la sortie de Richard Millener déclarant avant la Sardaigne que plutôt que de critiquer la voiture, ses pilotes devraient se remettre en questions ?

« Je préfère ne pas commenter cela... Disons qu'en 2024, sur les épreuves où le phénomène de balayage est important, je parvenais à signer des 2èmes ou 3èmes chronos en partant loin. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et je ne crois honnêtement pas que je suis devenu moins bon en douze mois. »

Savez-vous déjà ce que vous ferez l'an prochain ?

« Non, c'est compliqué. Il faut tenir compte de plusieurs paramètres. En principe, il devrait y avoir un nouveau règlement en 2027. A voir s'ils le sortent car on est à un peu plus d'un an de l'échéance et tout est encore très flou. Mais cela devrait être basé sur du WRC2 ou en tout cas les WRC2 devraient pouvoir se mêler à la lutte avec les WRC27. C'est le but en tout cas. Redescendre de catégorie ne constituerait donc pas un non sens. Plusieurs pilotes comme Tanak, Fourmaux ou plus récemment Solberg l'ont fait et sont revenus plus forts. Le plus important est de pouvoir disputer un max de manches. La bonne question à se poser est : ne vaut-il pas mieux disputer quatorze rallyes en WRC2 plutôt qu'un programme de six ou sept rallyes en WRC1 ? Avec la Puma aujourd'hui, on sait qu'on part pour se battre entre nous de la 9ème à la 11ème place. Et les WRC2 sont juste derrière. N'est-il pas mieux de terminer 12 ou 13ème et sur le podium de sa catégorie que constamment derrière les Toyota et Hyundai ? Le seul problème en faisant cela est qu'on n'a plus jamais l'occasion d'ouvrir la route. Et cela fait partie aujourd'hui de l'apprentissage du rallye. Ogier, Tanak, Neuville ils sont tous passés par là même si cela casse les c... »

Votre analyse sur la performance d'Oliver Solberg en Estonie ?

« C'est très positif. Cela prouve qu'il faut faire confiance aux jeunes. Que mise dans un bon contexte, la jeunesse sait faire aussi bien que les pilotes de 35 à 40 ans. Les pneus Hankook de cette année demande de régler les voitures plus souples. Et c'est globalement ce qu'Oliver a toujours fait. Donc il s'est de suite senti à l'aise. Une bonne voiture, un rallye qui lui convient et hop un super résultat. C'était mon grand rival à l'époque où l'on se battait pour le titre en championnat d'Europe et je suis sincèrement content pour lui. Même en s'appelant Solberg, en étant le fils d'un champion du monde, cela n'a pas toujours été facile pour lui non plus. C'est un peu comme dans la vie de tous les jours. Il faut rater trois fois avant de réussir. Les gagnants sont ceux qui ont raté plusieurs fois mais n'ont jamais abandonné. C'est un bon exemple pour nous tous. »

Votre ami-mécène Jourdan Serderidis continue-t-il toujours à croire et à investir en vous ?

« Bien sûr. Il veut toujours m'aider. Sans lui, je ne serais clairement pas là où je suis aujourd'hui. Mais le but est de réduire chaque année sa participation. En 2025, il a investi le quart du budget par rapport à 2024. Je ne veux pas avoir l'étiquette de pilote payant à vie comme Gus Greensmith qui fait pourtant de bons résultats. Il faut réussir à convaincre et faire baisser les prix par vos résultats. Il faut donner l'envie aux équipes, aux constructeurs, aux grands sponsors d'investir sur vous. »

En fait, avec seulement dix WRC1 de pointe, il est encore plus compliqué de faire sa place au sommet en rallye qu'en F1 où il y a le double de monoplaces...

« Tout à fait. Et le phénomène est encore amplifié par le fait qu'en rallye l'expérience compte nettement plus qu'en circuit où l'on voit débarquer des jeunes des filières, des formules de promotion, du simulateur et être très vite compétitifs. En rallye, les Ogier, Tanak ou Neuville sont toujours au top à plus de 35 ans. Il n'y a donc pas deux ou trois nouveaux qui montent chaque année. Il y a beaucoup plus de renouvellement du plateau en F1. En WRC, les constructeurs font confiance aux plus anciens. S'il le souhaite, un gars comme Seb Ogier peut encore rouler et gagner des rallyes pendant quatre ans. »

Mots-clés: Rallye Sports Moteur

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