Humeur - Fin du thermique en 2035 : la crédibilité de l’Europe mise en doute par… l’Europe

il y a 10 mois | Laurent Zilli

Cette fois, ce n’est pas un constructeur qui doute de la faisabilité de la fin du thermique en 2035. Et ce n’est pas une personnalité politique d’un pays à forte industrie automobile. Ni un journaliste forcément de parti pris. Vous allez rire.

Ce qui est bien avec l’Union européenne, c’est son côté tentaculaire. Elle est composée d’une multitude de sous-institutions et d’organes dont certains, heureusement, conservent leur indépendance par rapport au Parlement ou la Commission. Et comme ils ne sont pas directement soumis au dictat électoraliste, ils peuvent analyser les choses à tête reposée, puis émettre des avis vierges de toute démagogie, de toute influence d’un lobby, quel que soit son intérêt et/ou son idéologie. Parfois, ce petit morceau d’Europe fait savoir à un autre morceau d’Europe… qu’elle déconne à plein tube.

Cour des Comptes

La Cour des Comptes européenne est l’un de ces organes. Pour éviter toute ambiguïté, je ne suis pas un fan de cette institution, toujours partisane de la rigueur budgétaire et des politiques d’austérité. Mais le dernier rapport de cette Cour des Comptes, je l’aime beaucoup. Pour résumer, il dit que l’Union européenne n’a ABSOLUMENT PAS les moyens d’assumer la transition 100% électrique voulue en 2035.

Pour la Cour des Comptes, le problème vient en premier lieu des batteries. L’Europe avait pourtant lancé il y a 5 ans un grand plan d’action pour les batteries. 5 ans, une éternité. C’était avant la Covid, avant la pénurie des semi-conducteurs, avant la guerre en Ukraine… Aujourd’hui, le projet est sérieusement mis à mal par l’accès aux matières premières, l’augmentation des coûts, et la concurrence mondiale féroce. Ça, c’est une façon polie de parler de la Chine, mais pas seulement. Car rappelons que contrairement à la passive Europe, les USA ont décidé de mettre des sous sur la table pour favoriser les voitures électriques locales.

Bref, l’Europe est dans l’incapacité de produire les batteries dont elle a besoin pour sa transition. Si elle persiste, elle sera donc obligée d’acheter les batteries à l’étranger, au détriment de sa propre industrie et de son emploi. Joli !

Membre de la Cour des Comptes européenne, la Belge Annemie Turtelboom (OpenVLD) a déclaré : « Les batteries ne doivent pas devenir le nouveau gaz naturel de l’Europe. Il faut éviter qu’elle se retrouve dans la même situation de dépendance, il en va de sa souveraineté économique. L’UE doit être plus attentive aux dures réalités géopolitiques et économiques - notamment l’accès aux matières premières - pour avoir une chance de gagner son pari. »

Amen !

Retrouvez aussi l'édito de Stéphane Lémeret sur le même sujet dans Auto Trends 320, en vente le 30 juin prochain.

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