Essai Moto Morini X-Cape 650 : éloge de la simplicité

il y a 2 mois

Après un premier contact en juin l’année dernière (Moto Trends #75), un essai plus approfondi de ce trail sino-transalpin s’avérait tout à fait pertinent, notamment pour les motards en recherche d’un certain confort adapté à notre réseau routier en sinistre état.

En attendant la commercialisation de la X-Cape 1200 présentée à Milan en novembre, la 650 évoque, comme sa grande sœur, l’univers des rallyes-raids. Bien que produite en Chine, cette moto reste intégralement conçue en Italie. En termes de design, l’influence italienne est prégnante, de l’allure globale au silencieux élégamment biseauté en passant par le bras oscillant en aluminium ; sans même parler des freins Brembo ou de la fourche Marzocchi de 50 mm. Les Chinois du Zhongneng Vehicle Group ont eu suffisamment de discernement pour recentrer d’abord Moto Morini vers le milieu de gamme, conscients que les anciennes Corsaro ou GranPasso 1200 n’avaient guère d’avenir. Et dans le cas de Morini, ils montrent un vrai respect pour le patrimoine de la marque et pour ses ressources humaines basées en Italie. Ensuite, puisqu’ils sont surtout focalisés sur les petites cylindrées sur leur marché intérieur, ils ont eu l’intelligence d’équiper leurs nouvelles motos italiennes d’un moteur sous licence Kawasaki, bien connu des conducteurs des anciennes Er6 et autres Versys. On en reconnaît d’ailleurs la sonorité, même si, comme nous le verrons, le caractère a changé.

Choix intelligents et belle qualité perçue

Quoique passé maître dans l’art de rationaliser une production, l’Empire du Milieu nous propose avec la X-Cape une moto aboutie qui n’a rien d’une machine au rabais. Que du contraire car, à son guidon, on se dit souvent qu’il n’en faut pas davantage pour goûter goulument à tous les plaisirs motocyclistes. D’abord, la Morini présente bien avec des plastiques finement assemblés, une instrumentation complète qui, grâce au traitement mat de l’écran TFT 7 pouces (!), reste lisible même au soleil, ou encore des maîtres-cylindres estampillés Brembo. La sellerie de belle facture, la bulle réglable manuellement et les commodos éclairés viennent étayer ensuite la qualité perçue.

On comprend aisément que la dotation électronique ne soit pas pléthorique sur une machine de 60 chevaux. Dès lors, Morini fait l’impasse sur un contrôle de traction qu’on juge aussi superflu. Cependant, on retrouve l’excellent ABS débrayable 9.1 de Bosch et un mode off-road qui, en lissant l’arrivée de la puissance, peut faire office de seconde cartographie d’injection pour les jours de pluie, par exemple. Mieux : dans l’écran « Bike info » de l’affichage, on retrouve même en temps réel la pression des pneus, une donnée caractéristique d’une moto plus onéreuse. Et s’il n’y a pas d’ordinateur de bord, la X-Cape a le bon goût d’afficher l’autonomie restante dès qu’on aborde la réserve de carburant.

Que des bonnes surprises

Le bilan dynamique de la X-Cape démontre qu’une débauche de puissance et de technologie est loin d’être indispensable pour rouler plaisamment. Une fois enfourchée, la position est naturelle pour la majorité des gabarits et, si la selle paraît ferme de prime abord, elle ne l’est pas à l’usage. L’affichage est très lisible et alterne automatiquement entre mode jour et mode nuit ; il peut par ailleurs être couplé à votre téléphone tant pour visualiser les appels et messages que pour les divers réglages de votre musique. Les leviers sont réglables et, quand on prend la route de nuit, on apprécie bien entendu les commodos lumineux mais surtout l’éclairage full LED qui assure une belle visibilité. La bulle d’origine, qui n’en impose guère par ses dimensions, assure pourtant un boulot remarquable. Dans sa position haute, elle permet même de rouler visière ouverte et, sur autoroute, elle est étonnamment reposante. La Morini marque ainsi des points importants en termes de confort.

Le bicylindre s’ébroue dans une sonorité agréable, plutôt grave. Bien que sa cylindrée contenue ne lui confère pas l’élasticité d’un gros cube, il ne manque cependant pas de souplesse. On évoquait un caractère différent du moulin d’origine estampillé Kawa, et on en profite surtout au-delà de 5.000 tr/min. Les accélérations ne sont pas ébouriffantes mais elles sont vigoureuses et offrent un dernier boost à partir de 7.000 tr/min. De sorte qu’au total, l’agrément moteur est bien au rendez-vous et charme le pilote qui n’en attendait pas tant de ce bloc 650. Arrêtez-vous à la pompe, et il vous surprendra encore avec une consommation moyenne mesurée de 4,25l/100 km sur les 700 bornes de notre essai. Le couteau entre les dents, nous sommes montés à 4,6l/100 km et… la queue entre les pattes, nous sommes descendus à 3,85l/100 km. On dirait bien qu’Euro 5 a du bon !

Comportement adéquat

En ce qui les concerne, les suspensions s’imposent comme une réussite majeure de cette Morini. Non contentes d’être confortables et d’estomper les irrégularités du bitume, elles assurent à la X-Cape des prestations dynamiques qui nous ont plus d’une fois surpris par leur rigueur. Alliées à la rigidité de bon aloi assurée par le cadre tubulaire en acier, elles dotent la X-Cape d’une stabilité bluffante à haute vitesse. Des virages avalés poignée dans le coin ne l’effraient nullement, de même que des entrées en courbe énergiques. Car en prime, la Morini est fort maniable, presque incisive au moment d’aller chercher le point de corde. Vraiment, les ingénieurs ont fait du bon travail. Et ce ne sont pas les freins qui contrediront cette impression flatteuse (durits tressées partout) : les anciens Brembo axiaux stoppent la X-Cape avec une réelle vigueur encore accentuée par la fourche qui encaisse la décélération sans se tasser exagérément. On peut même se permettre de freiner sur l’angle sans crainte d’élargir sa trajectoire. Dosable comme ses homologues avant, le frein arrière manque un peu de mordant mais comme l’ABS n’a rien d’intrusif, ce n’est pas un problème.

Au final, voilà un trail qui parvient à mêler la simplicité à un haut potentiel dynamique, pour le plaisir de son propriétaire. Un kit de valises (620 €), des protections (140 €), une bulle plus haute (155 €) et des poignées chauffantes sont également disponibles en option et ne vous ruineront pas. Mais que demander de plus ? Peut-être que vous alliez l’essayer, comme nous, chez MV Agusta Namur !

Conclusion

La X-Cape 650 est une réussite. Plaisante, efficace et confortable, elle reste très démocratique (de 7.999 € à 8.566 €), alliant ainsi le meilleur de deux mondes : un savoir-faire italien couplé à la maîtrise des coûts, secteur dans lequel les Chinois excellent.

Rudy Scohy

Les +

-        Volumes et esthétique valorisants

-        Agrément moteur

-        Prestations dynamiques

-        Consommation

Les -

-        L’image à (re)construire

 

La Morini X-Cape 650 en quelques chiffres :

Moteur : bicylindre en ligne, double ACT, 4 soupapes par cylindre, 649cc

Puissance maximum : 60 ch à 8.250 tr/min

Couple maximum : 56 Nm à 7.000 tr/min

Boîte de vitesses : 6 rapports.

Cadre : treillis en acier

Suspension avant : fourche inversée, diam 50 mm, déb 175 mm

Suspension arrière : mono amortisseur, déb 165 mm

Frein avant : double disque de 298 mm, étriers 2 pistons, ABS

Frein arrière : disque de 255 mm, étrier 2 pistons, ABS

Hauteur de selle : 820 mm - 845 mm

Poids (TPF) : 213 kg

Réservoir : 18 litres

Prix : à partir de 7.999 €

Mots-clés: Motos-Bikes Moto Morini
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