Vainqueur de quatre des cinq dernières courses de F1 cette saison, deuxième derrière Russell à Singapour, Max Verstappen n'a en fait plus été battu par un pilote McLaren depuis son GP à domicile il y a deux mois.

Et quatre Grands Prix, le pilote Red Bull a réduit son retard de 104 à 40 unités sur un Oscar Piastri perdant soudainement les pédales sous la pression du Belgo-néerlandais, mais aussi en raison de la politique interne au sein de sa propre écurie. Il semble clair depuis le début de saison en fait que Zak Brown préfèrerait voir son poulain britannique sacré. Et cela mine le moral de l'Australien.

Maintenant, il est clairement trop tard pour donner des consignes, même si un abandon de Lando Norris conjugué à un succès d'Oscar Piastri ou l'inverse changerait certainement aujourd'hui la donne en raison de la menace grandissante Max Verstappen.

« Aujourd'hui, mes chances au championnat existent à nouveau alors que ce n'était plus le cas milieu de saison, » a confié le quadruple champion à la veille des premiers essais au Mexique où il devra regarder le jeune Suédois Arvid Lindblad rouler dans son baquet. « Voici quelques mois, tout le monde était sûr que le titre se jouerait uniquement entre les deux pilotes McLaren. Maintenant, je peux dire que je ne vais pas leur rendre la tâche facile. Mais pour avoir des chances réelles de garder mon numéro, il faut que tout se passe bien pour moi jusqu'à la fin de la saison. »

Pas de consigne chez McLaren, c'est le plus sportif

Car il reste tout de même encore quarante points à combler. Et les McLaren ne vont pas s'auto-éliminer tous les week-ends.

Prenons le cas de figure où Max gagnerait les sept dernières courses de l'année devant Piastri. Eh bien il serait battu de trois unités au final par l'Australien. Cela signifie donc qu'il n'a plus tout à fait son sort entre les mains. Il doit compter sur Lando Norris, les Mercedes, les Ferrari et les aléas de la course pour prendre des unités à l'Aussie.

La fiabilité pourrait aussi jouer un rôle. Tout comme les éventuelles pénalités car Max n'est qtà trois points sur son permis d'un GP de suspension. Il n'a donc clairement plus droit à l'erreur. Un zéro pointé et ses chances pouvant aujourd'hui être estimée à 20% serait considérablement réduites à nouveau.

« Il est toujours plus aisé d'être le chasseur que le chassé, » estime Toto Wolff, patron de Mercedes. « Le chasseur peut prendre plus de risques, se montrer plus agressif. »

On sent en effet depuis quelques courses qu'Oscar Piastri et Lando Norris font plus attention, lâchent moins leurs coups, prennent clairement moins de risques qu'en début de saison. Car ils ont plus à perdre qu'un Max Verstappen redevenu conquérant.

Et qui retrouvera ce week-end une piste sur laquelle Red Bull et lui se sentent à l'aise avec déjà cinq succès au compteur ces dernières années pour zéro à ses deux rivaux, la dernière victoire d'une McLaren ici remontant à 1989.

Du côté de Woking, on risque donc encore de perdre des plumes ce week-end où il faudra à nouveau limiter les dégâts.

Pour Piastri, il sera impératif au moins de reprendre ses distances face à Norris pour espérer qu'à un moment le Britannique doive se mettre à son service. Même si on peut imaginer qu'il n'y aura pas de consigne en faveur de l'un ou l'autre chez McLaren tant que le titre restera mathématiquement jouable pour les deux.

Même si la pression de Max est de plus en plus forte et le risque existe qu'il coiffe Lando et Oscar sur le poteau, il serait totalement injuste à ce stade que l'un soit favorisé au détriment de l'autre. Imaginons un instant que Norris soit en tête dimanche devant Piastri et Verstappen. Inverser l'ordre offrirait de bien plus grandes chances de sacre à l'Australien face à Max. Mais réduirait aussi celles du Britannique.

Ne pas donner d'ordre si ce n'est celui de ne pas s'accrocher à nouveau est la manière la plus sportive aujourd'hui d'arbitrer la lutte interne du côté de Woking. Même si cela peut clairement profiter au final à Verstappen...

La F1 est d'abord un sport individuel, pas une course d'équipe. Et un seul titre compte : celui de champion du monde des pilotes.

Photo Red Bull