On se souvient d'eux gamins au Mondial de karting Junior de Bahreïn. Les deux espoirs français étaient montés sur le podium avec le titre de champion du monde pour Victor (15 ans), pilote pour l'équipe belge VDK, et la 3e marche pour Théo seulement âgé de 13 ans.

C'était en 2016. Un peu moins de neuf ans plus tard déjà, celui qui est devenu le protégé de Sébastien Philippe, boss d'ART, et a longtemps été soutenu par le mécène belge Alexandre Dallemagne (associé à ART et Frédéric Vasseur dans Spark) disputera vendredi sa première session libres officielle en F1. Le temps d'une heure trente, le grand malchanceux du dernier GP de Monaco (il avait surpris le poleman et virait en tête à Sainté-Dévote quand il a été poussé dans le rail) sera dans le baquet de la Williams F1 d'Alex Albon. Une étape de plus pour le pilote de F2. Après avoir déjà eu l'occasion de piloter l'Alpine F1 en tests privés, le voilà maintenant au sein de la Williams Academy. Celle-là même qui a récemment propulsé la carrière d'un certain Franco Colapinto.

James Vowles aime donner sa chance à des jeunes.

Après Luke Browning, ce sera donc au tour de Victor Martins aujourd'hui âgé de 23 ans.

Mais à l'heure où les nouvelles jeunes stars de la F1 comme Oscar Piastri ou Gabriel Bortoleto ont des ascensions fulgurantes et des palmarès remplis de couronnes, les Français Pourchaire et Martins se sont faits doubler par le Franco-algérien Isack Hadjar issu de la filière Red Bull. Avec un CV nettement moins fourni, tout comme Liam Lawson d'ailleurs. Mais Helmut Marko veut assurer avec eux un retour sur investissement. Et le prochain sera certainement Arvid Lindblad.

Avec déjà Pierre Gasly, Esteban Ocon et maintenant Hadjar en place, les jeunes Français ont un peu de mal à trouver leur voie vers la F1.

Triplants en F2

On a cru à un moment que Théo Pourchaire, sacré en F4, en F3 et en F2 (excusez du peu !) y arriverait. Mais son expérience en F1 s'est hélas limitée à quelques sessions libres avec Sauber. Et puis on lui a préféré le tout jeune Brésilien Bortoleto, sacré dès sa toute première saison en F2 alors qu'il a fallu trois années à Théo pour y arriver. Avec ART justement.

Après avoir tâté de la Super Formula et de l'Indy Lights, le jeune Français a retrouvé Victor à Bahreïn en décembre dernier lors des « rookies tests » Hypercar. Lui chez Peugeot (avec un volant de pilote de réserve à la clé) et Victor chez Alpine.

Vice-champion en F4 (derrière Arthur Rougier), champion en F3-R puis en F3 FIA (mais à chaque fois lors de sa deuxième année), Victor a été habitué à redoubler. Cette année, il triple même en F2 où il s'est déjà imposé lors de quelques courses, mais n'a jamais brillé au championnat avec une 5e place en 2023 (meilleur rookie), la septième en 2024 et actuellement la huitième.

Ce n'est pas assez pour attirer tous les regards sur lui. Et comme il n'a pas une fortune personnelle ou des gros sponsors derrière lui...

Comme pas mal de pilotes, Victor Martins a mis un peu trop de temps à gravir les échelons dans un monde où la vitesse prime. Il risque donc de souffrir de sa nationalité (même s'il est à moitié portugais) et de son âge. A 23 ans, on est déjà presque un demi vieux aujourd'hui en F1.

Pourtant, tout comme Pourchaire qui a pris le vainqueur d'Indy 500 Simon Pagenaud comme "manager pour les Etats-Unis" afin de le relancer en Indy, il est certain qu'il mériterait sa chance. Certainement tout autant qu'un Jack Doohan ou qu'un Franco Colapinto ne comptant aucun titre majeur à leur palmarès.

Mais en F1, tout est une question d'argent, de lobbying et d'influence plus que de résultats au final. On n'y croit donc plus trop, mais s'il veut nourrir encore un petit espoir de percer en F1, il devra impérativement se faire remarquer vendredi. En espérant que son programme pour Williams le lui permette...

Photo montage FB F1