F1 : Les révélations de Stoffel Vandoorne : « A partir de la mi-saison 2018, Zak Brown m’appelait chaque semaine pour me demander de ne pas venir sur les Grands Prix ! »
Patron de l’écurie, Zak Brown a eu un discours un peu déplacé en insultant inutilement un concurrent (Alpine) et en rappelant que Lando avait été directement meilleur que Stoffel Vandoorne lors de la « soirée de Noël » de l’écurie McLaren.
Le boss américain a dit, à juste titre, qu’il avait pris des risques en embauchant Oscar Piastri et Lando Norris très jeunes. Et qu’il disposait aujourd’hui de la meilleure paire de pilotes au monde. Mais pourquoi ajouter, même si c’était en interne : « Oscar tu n’avais pas d’autre choix en F1 que cette f… Alpine » (en français, Alpine d’enc…) Voilà un langage châtié et très peu respectueux qui lui vaudrait déjà 10.000 euros d’amende s’il avait été prononcé dans le cadre d’un GP…
Tout d’abord, Alpine a eu le mérite de reconnaître le talent et d’aider l’Australien avant lui. Depuis son titre en Formula Regionale by Alpine et jusqu’en F2.
Ensuite, cette année-là (2022), Alpine avait terminé 4ème du championnat du monde devant McLaren.
Doit-on rappeler les classements et résultats miséreux aussi de l’écurie de Woking en 2017 avec le moteur Honda? 9ème (sur 10) du Mondial, bien derrière Renault (qui allait devenir Alpine) sixième.
Enfin, avoir négocié avec McLaren dans le dos d’Alpine qui l’aidait depuis trois ans n’est certainement pas la plus belle page de l’histoire d’Oscar Piastri et son manager Mark Webber même si cela fait partie du « business » de trouver les meilleurs volants.
« Zak m’a proposé de l’argent et même une voiture de route pour que je renonce à la F1 plus tôt »
En parlant de son champion Lando Norris, il a déclaré : « toi tu as dû battre Stoffel Vandoorne pour être titularisé. »
C’est vrai si l’on se base sur le résultat brut de leurs trois seules confrontations.
Mais on rappellera tout d’abord que le Britannique a été sacré vice-champion de F2 en 2018 avec une seule victoire. Notre compatriote, lui, a été couronné trois saisons auparavant en GP2 (ancêtre de la F2) avec sept succès.
En 2018, ils ont il est vrai été confrontés à trois reprises lors de la première séance d’essais libres du vendredi : en Belgique, au Mexique et au Brésil. Et par trois fois, Lando Norris a devancé son équipier Stoffel. De 88 millièmes à Francorchamps, 70 millièmes à Mexico City et quatre gros dixièmes à Interlagos.
Le Britannique a remplacé Vandoorne deux fois, au Japon et à Austin, où il a été deux fois devancé par Fernando Alonso, de six puis deux dixièmes.
Mais il faut remettre les choses dans leur contexte : Primo, Stoffel savait déjà qu’il ne ferait plus partie de l’équipe la saison suivante et avait le moral dans les chaussettes après deux saisons aux commandes d’une monoplace écumant les fonds de grille. Secundo, les deux hommes n’étaient jamais sur les mêmes programmes. L’un préparait son GP et le jeune protégé de Brown n’était là que pour se faire remarquer et justifier le remplacement d’un jeune pilote payé (Stoffel) par un « rookie » dont Zak était le manager et dont le papa amenait une valise de plusieurs millions (on parle de 25) pour permettre à son fils d’accéder à la F1.
Stoffel que nous avons contacté nous a fait des révélations sur cette période de bien triste mémoire pour le Belge :
« Je me souviens des essais du vendredi au GP de Belgique, » nous confie le pilote Peugeot en Hypercar et réserviste Aston Martin en F1. « Ils m’ont fait tester un nouveau fond plat et c’était une véritable catastrophe. Je suis directement revenu à l’ancien en cours de séance, mais cela m’a coûté du temps et les réglages n’étaient ensuite pas adaptés. »
Mais il va plus loin en nous faisant des confidences sur le contexte psychologique pour le moins délicat dans lequel il évoluait à l’époque :
«Depuis Silverstone, soit la mi-saison, je savais que mon contrat ne serait pas renouvelé. Et je me doutais bien par qui j’allais être remplacé… Je n’étais clairement pas dans le bon état d’esprit. Toutes les semaines avant chaque GP, Zak (Brown) m’appelait pour me dire que je ne devais pas venir sur la course. Il a tout essayé pour que je ne termine pas la saison. Il m’a proposé de l’argent, une voiture même. Mais mon manager de l’époque et moi avons résisté. Nous tenions absolument à aller au terme de notre engagement. »
Quand on entend cela, des pressions psychologiques hélas assez fréquentes dans le milieu sans scrupules de la F1, on se dit encore plus qu’il est déplacé de rabaisser les autres pour mettre en avant un nouveau champion du monde qui n’a pas besoin de cela aujourd’hui. La perception du monde entier sur Stoffel Vandoorne et sa carrière auraient été bien différentes s’il avait eu la chance de piloter la McLaren championne du monde…
Photo RIP Decoster


