Thomas Strauven leader en F4 : « La F1 reste le rêve ultime »

il y a 7 mois Olivier de Wilde

Grid kid de Kevin Magnussen voici quelques années au GP de Belgique de F1, Thomas Strauven vise cette année le titre en F4 espagnole après le sacre déjà en Winter Series. Qui est ce Limbourgeois de tout juste 17 ans? Comment en est-il arrivé-là ? Quels sont les espoirs de la nouvelle génération en monoplace. Entretien avec un jeune ket qui consacre sa jeunesse à essayer de suivre les traces de Stoffel Vandoorne et surtout de son pilote favori, Max Verstappen.

Sacré champion de la F4 Winter Series et leader du championnat d'Espagne après le premier rendez-vous d'Aragon , Thomas Strauven a préparé au mieux la saison 2025, sa deuxième en F4 espagnole. Avec son team Campos Racing (une écurie créée en 1997 par l'ancien pilote de F1 Adrian Campos) et son coach belge Benjamin Bailly (ancien champion de France F4), il vise clairement le titre. Avant de passer en 2026 en Eurocup-3, toujours en Espagne. Nous sommes partis à la découverte de l'un de nos plus sérieux espoirs en monoplace.

 

Thomas, comment as-tu débuté en karting ?

« Je suis originaire de Genk ce qui aide déjà... Quand j'étais gamin, je jouais au basket-ball, mais mon père m'a un jour emmené à la piste de karting. Je devais avoir 6 ou 7 ans. On a voulu louer un minikart pour tourner sur le circuit de location, mais j'étais trop petit. Je n'arrivais pas aux pédales. A 8 ans, mon papa m'a alors acheté un châssis Micromax et j'ai commencé à m'entraîner régulièrement après l'école et les week-ends avant de débuter en compétition avec le team GKS de la famille Lemmens. »

Et les résultats ont vite suivi...

« Oui car l'année suivante j'ai remporté une de mes premières courses internationales en Micromax au Mans. Un de mes meilleurs souvenirs à ce jour avec ma deuxième place en Junior X30 à Portimao lors des IAME I-Games. »

Dès tes 15 ans, tu t'es lancé en monoplace. Pourquoi avoir choisi le championnat espagnol de F4 ?

«Pas mal de Belges sont déjà passés par là. On a regardé pour rouler en Italie, mais là-bas si tu veux réussi tu dois rouler chez Prema qui est hyper cher et souvent complet des mois avant le début de saison. En Espagne, il y a plus de teams compétitifs et surtout cela coûte moins d'argent. »

Es-tu satisfait de ta première saison à ce niveau ?

« Je dirais que oui. J'ai signé chez Rodin qui n'est pas vraiment une équipe de pointe comparée à Campos et MP Motorsport. Et malgré cela, je me suis imposé dès mon premier week-end à Jarama. Malheureusement, si je suis encore monté plusieurs fois sur le podium, c'est la seule fois que j'ai gravi la première marche. J'ai en effet vite constaté que mes deux équipiers étaient nettement moins performants que moi. Il m'était dès lors difficile d'évoluer, de progresser en comparant mes datas aux leurs. Avant le dernier meeting, je pointais au 5e rang du championnat. Hélas, j'ai dû déclarer forfait pour me faire opérer d'urgence de l'appendicite et j'ai finalement été classé 7e. Mais je me suis souvent battu aux avant-postes. Et surtout, j'ai beaucoup appris. »

Cela a toujours été le plan de rempiler pour une deuxième saison en F4 espagnole ?

« Non. Initialement, on voulait monter directement en Eurocup-3, des Formula Regionale avec un moteur Alfa et une meilleure aéro les rendant plus rapides que les monoplaces Alpine de FRECA. Mais après une rencontre fin de saison dernière lors de tests avec Benjamin Bailly, nous avons finalement trouvé qu'il était plus opportun de tenter de viser le titre avec un meilleur team plutôt que de monter de catégorie dans des conditions pas optimales. On a donc signé un contrat de deux ans avec Campos Racing, 2025 en F4 espagnole et 2026 en Eurocup-3. »

Et cela a directement payé puisque tu as remporté la Winter Series F4.

« Effectivement, c'est mon plus bel accomplissement à ce jour. Le championnat hivernal était composé de trois meetings et neuf manches. J'ai signé deux victoires, cinq podiums consécutifs et trois poles sur six pour m'imposer au terme de la dernière manche face à mon jeune rival polonais Jan Przyrowski qui est redoublant comme moi et a déjà joué le titre en Espagne en 2024. C'était le meilleur entraînement possible pour garder le rythme et surtout prendre mes marques avec ma nouvelle équipe. »

Tu as retrouvé les mêmes rivaux sur le championnat espagnol ?

« En grande partie, oui. Tous les favoris disputaient la Winter Series.»

Qui considères-tu comme tes principaux adversaires cette année ?

«Mon équipier polonais Jan Przyrowski dont on a déjà parlé, mais aussi le jeune débutant américain Vivek Kanthan qui roule également chez Campos. »

Il y a également un autre Belge cette année en F4 espagnole...

« Tout à fait. Ean Eyckmans est débutant mais roule dans un très bon contexte chez MP Motorsport après avoir remporté le volant Richard Mille. Il n'a fait que trois meetings et s'est déjà montré aux avant-postes en signant notamment une pole et terminant deuxième meilleur rookie du championnat. Je le vois bien progresser cette année, monter sur les podiums et décrocher l'une ou l'autre victoire. C'est une très belle opportunité pour lui. »

Le plan c'est le titre en F4 cette année, Eurocup-3 en 2026 et après ?

« J'essaie de ne pas regarder trop loin et de me concentrer au maximum sur ce que je fais. L'étape logique après l'Eurocup-3 est la F3 FIA. Mais cela coûte très très cher et il sera quasi impossible d'y parvenir sans gros budgets et donc sans très bons résultats sur les deux prochaines saisons. »

Qui finance ton programme ?

« Mes parents m'aident bien sûr. Financièrement, mais aussi en cherchant des sponsors pour moi. Ce que je fais aussi. Aujourd'hui, je suis soutenu par Moderna, Wara et quelques autres plus petits partenaires. »

Quel est le but ultime ?

« Comme tous les pilotes de F4, je rêve bien sûr de F1. Mais je sais très bien aussi qu'il n'y a que vingt pilotes au monde par an à ce niveau. Les chances sont réduites. Un d'entre nous peut-être deux de mon peloton actuel y arrivera. Il faudrait rapidement être intégré dans une filière F1, être repéré et aidé par les bonnes personnes. Pour arriver jusqu'en F1, ce n'est pas qu'une question de talent bien sûr. Il faut être au bon endroit au bon moment. Campos a de bonnes connexions. Je vais m'efforcer de bien faire lors des deux prochaines saisons et on verra déjà où cela me mène. De toute manière, d'une manière plus réaliste, je dirais que mon réel objectif est de pouvoir un jour vivre de ma passion, devenir pilote professionnel, peu importe dans quelle discipline, que ce soit en WEC, Indy, GT. »

Tu avais une idole en étant plus jeune. Un pilote qui te faisait rêver ?

« Pas vraiment, non. Mais je suis les GP à la télé chaque fois que je ne suis pas en course. Et mon favori est bien sûr Max Verstappen. »

As-tu déjà eu l'occasion de le rencontrer ?

« Pas encore. Mais cela devrait bientôt être le cas car ma maman est copine avec la sienne, Sophie. »

Tu as déjà eu l'occasion de rouler à Francorchamps?

« Non. Mais l'Eurocup-3 devrait y avoir un meeting l'an prochain. J'ai hâte. »

Et comme spectateur ?

« Bien sûr, oui. Chaque fois que j'ai l'occasion, je me rends sur les grandes courses se déroulant dans notre pays. J'ai déjà assisté à plusieurs reprises au GP de Belgique de F1. Il y a quelques années, je me suis même retrouvé sur la grille à quelques minutes du départ en tant que Grid Kid de Kevin Magnussen. »

Tu vas encore à l'école ?

« Non, je n'ai plus le temps car la moitié de l'année je suis en Espagne chez Campos pour rouler ou préparer mes courses. J'ai arrêté l'école normale à 13 ans, mais je suis toujours des cours en ligne. »

As-tu une petite amie ?

« J'en ai eu une, mais c'est terminé. Je préfère désormais me concentrer sur ma carrière et ne pas être distrait par autre chose. »

C'est quoi selon toi le secret de la réussite ?

« Le travail. La détermination. Bien se préparer, physiquement, mentalement et soigner les détails. Ce sont souvent eux qui font la différence. »

 

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