F1 : Colapinto remplace Doohan, Oakes donne sa démission
Et ce qui devait arriver arriva. Si vous êtes des fidèles lecteurs, vous ne serez pas surpris d'apprendre la mise à pied de Jack Doohan chez Alpine. Cela fait cinq mois qu'on vous l'a annoncé. Avant même le début de saison, on savait que Jack Doohan était un condamné en sursis. Que son contrat ne prévoyait que cinq ou six courses. Hélas pour lui, elles se sont plus ou moins toutes mal passées avec deux accrochages au premier tour, des pénalités en Chine, un gros crash en essai au Japon et un gros zéro pointé. Rien de terrible donc et pas assez pour sauver sa tête. Mis sous une énorme pression dès son deuxième GP, l'Australien n'a pu réellement donner le meilleur de lui-même.
C'est triste pour lui. Mais la F1 moderne est devenue ainsi. Nyck De Vries n'a pas eu beaucoup plus de temps que lui chez Toro Rosso. Et ne parlons pas de Liam Lawson chez Red Bull.
Nous l'avions écrit déjà l'an dernier. A nos yeux, la nomination de Jack Doohan était une erreur de casting. Le gentil beau gosse aussie ne devait sa place qu'au palmarès, au contact, à l'argent et au nom de son champion de papa. Il n'a jamais remporté le moindre championnat et n'a clairement pas le talent d'un Piastri, Bortoleto, Antonelli ou Hadjar.
Mais cela, Flavio Briatore aurait dû le savoir avant. Certains diront que le gamin a eu sa chance en participant à sept GP (avec Abu Dhabi l'an dernier) et un total de neuf courses en F1 en comptant les sprints. Peut-on toutefois réellement parler de chance quand on pilote dans un baquet éjectable, avec son C4 sur la table et l'ensemble de la presse qui écrit que vous allez être viré après cinq courses ? Mentalement, Doohan a vécu un véritable enfer.
Condamné dès la signature de Colapinto
Si l'on est d'accord sur le fond, si Doohan ne semble en effet pas à la hauteur, on ne peut qu'être dégoûté par la forme. Quoi qu'ils en disent, même s'il reste premier réserviste et nous fera encore croire à une possibilité de retour (à laquelle on ne croit pas du tout), Jack Doohan a été traité comme un moins que rien. On peut presque parler de harcèlement psychologique avec l'épée de Franco Colapinto et ses riches sponsors argentins constamment au-dessus de la tête.
Jack savait qu'à moins d'un miracle, d'un Top 5 ou d'un podium qui aurait bien mis le boss dans l'embarras, il ne ferait que passer en F1.
Le seul à l'avoir toujours soutenu est le directeur sportif de l'équipe Oliver Oakes qui l'avait connu en F3. Au point de traiter les journalistes de méchants voire de menteurs quand ils écrivaient que son pilote allait sauter. En Arabie Saoudite encore, il avait déclaré : « Laissez Jack tranquille. Laissez lui du temps. Il disputera toute la saison avec nous. »
Oakes prend ses responsabilités et claque la porte
Cela aurait peut-être été son souhait. Mais, hélas pour Doohan, ce n'est pas lui qui décide. Alléché par les valises de dollars de Franco Colapinto, séduit par le charisme du gamin et ses quelques bons points avant de crasher trois fois sa Williams l'an dernier, il a imposé Franco à partir d'Imola et cela pour une période de cinq courses à la suite desquelles il procèdera à une nouvelle évaluation. Mettre ses pilotes sous forte pression pour les obliger à performer directement, c'est la vieille méthode d'un Briatore presque devenu gâteux mais toujours pas habitué à faire de sentiments.
Un dinosaure de 75 ans à qui Alpine a donné plus que jamais tous les pouvoirs. La valse des patrons et des pilotes continue chez le constructeur français qui sera propulsé par un moteur allemand dès 2026.
Car suite à la décision au-dessus de lui et contre son gré de remplacer Doohan dès le prochain GP, Oliver Oakes qui avait juré le contraire a pris ses responsabilités. Et donné sa démission. Le Britannique n'a pas apprécié la manière dont Flavio a traité Jack, mais c'est aussi rendu compte qu'il n'avait aucun pouvoir.
Alpine a donc officialisé dès hier, avant l'annonce du remplacement de Doohan, que Flavio Briatore remplaçait Oakes et devenait le nouveau team principal de l'écurie.
Renault et la FIA ont la mémoire courte
Dix-sept ans après la crashgate de Singapour, la plus grosse tricherie et le plus gros scandale de l'histoire de la F1 avec une course manipulée par le manager de Fernando Alonso (qui avait coûté au pauvre Nelson Piquet Jr sa carrière en F1), Briatore est de retour avec les pleins pouvoirs. Les dirigeants de Renault et de la FIA ont décidément la mémoire très courte. Comment un homme banni des paddocks à vie peut-il se retrouver à diriger une équipe moins de vingt plus tard. Et pire encore : la même ! Comme peut-on encore faire confiance à un homme au passé aussi sulfureux, un patron d'écurie déjà pris la main dans le sac ?
Celui qui nous faisait bien rire jadis avec son accent italien et son sens de la formule n'amuse plus grand monde. A part visiblement ceux qui lui ont redonné carte blanche. Cela va-t-il ramener Alpine sur les podiums ou vers de nouvelles affaires ? Franco Colapinto est-il le bon choix ou va-t-il encore casser du bois ? L'avenir nous l'apprendra.
En attendant, on espère surtout dans le futur qu'on parlera plus d'Alpine pour ses résultats sur la piste que pour ses remplacements de dirigeants, de pilotes ou de moteurs... Car cela fait dix ans que l'ancienne écurie championne du monde fait des promesses jusqu'ici non tenues. Et faire confiance à Briatore est aujourd'hui un nouveau pari très risqué. Le vieux briscard va-t-il réussir à redorer leur blason ou à ternir à nouveau leur image? Titres, gloire et honte, Flavio leur a déjà tout donné par le passé...


