24H du Nürburgring/24H de Spa : Deux mondes différents

il y a 1 an Olivier de Wilde

Disputées à quatre semaines et une centaine de kilomètres d'intervalle, les 24H du Nürburgring et les 24H de Spa sont deux grandes courses d'endurance à la fois proches et éloignées. En reportage dans l'Eifel pour la première fois depuis notre participation en 1996 (42e au général et 2e de classe sur une petite Honda Civic partagée avec mes amis Thierry Wilmotte, Damien Coens et Pierre Chaudoir), nous vous proposons un petit comparatif en dix points.

1. Nombre de voitures au départ

Cent vingt-sept autos ont pris l'envol de la 52e édition, c'est quasi le double des 67 attendues fin du mois à Spa. Mais le circuit de l'Eifel est quatre fois plus long ce qui signifie que le nombre de voitures au kilomètre est deux fois moins important.

2. Qualité du plateau

C'est sensiblement comparable avec un léger avantage sans doute pour la course-phare du GT World. Au Ring, il y 25 GT3 dont 18 peuvent prétendre à la victoire. A Francorchamps, il y aura 24 Pro-Cup et 6 Gold. Mais des pros roulent aussi sur les voitures Bronze. En tout, les 67 voitures sont de la même catégorie. L'épreuve belge est donc bel et bien la plus grande course pour GT au monde.
Au niveau des constructeurs présents, il ne manque que McLaren et Ford en Allemagne où roule une Glickenhaus dont les performances sont comparables aux GT3. Les quatre grands constructeurs allemands mettent le paquet à domicile où une victoire est très importante. Le plateau du Nürburg est complété par des Porsche Cup, des TCR, des GT4 et quelques petites voitures comme une Beetle, deux Mini, une Scirocco, des vieilles « Behèmes » ou encore une Dacia Logan. C'est assez folklorique, en piste comme aux abords.

3. Gestion du trafic

D'un côté, il n'est pas aisé de doubler chez nous avec 67 voitures de puissance et performances comparables. De l'autre, il y a d'énormes différences de vitesses, plus de 2'30 au tour ce qui rend les dépassements parfois plus faciles mais aussi parfois plus dangereux.

 4. Circuit

D'un côté, le plus beau circuit du monde, aux standards F1, avec d'énormes dégagements et son célèbre Raidillon. De l'autre, la Nordschleife, l'Enfer Vert et ses 25 km. Ici on ne parle pas de non respect des limites de la piste. Quand vous ne respectez pas les limites, vous êtes souvent dans le rail ou dans les arbres... Ici, pas ou peu de safety-car. Les bolides dépassent les camions de dépannage à vive allure sur la piste et quand il y a un gros accident, on se contente généralement de « Slow Zones ». A l'instar des pilotes, la direction de course prend autrement plus de risques.

5. Affluence

Les 24H du Nürburgring est l'un des événements les plus populaires outre-Rhin. 250.000 personnes ceinturent le circuit, soit réellement quatre fois plus que chez nous. La taille du pays n'est pas la même non plus. Le Ring est une grande fête populaire comparable à Torhout Wechter. Ici, la course est un prétexte pour faire la fête et boire plus que de raison. Une véritable beuverie avec des spectateurs plaçant leur mobilhomes, tentes, bars et salons tout au long du circuit, avec vue sur la piste. Cela n'existe pas en Belgique où les fans sont plus passionnés, de véritables connaisseurs.

6. Ambiance

Le Ring c'est la kermesse, le folklore, la foire au boudin, plus dans l'esprit américain, avec des sous-vêtements féminins accrochés aux grillages et des posters de femmes nues accrochés un peu partout. Spa est nettement plus classe, on dirait presque plus VIP avec beaucoup d'invités dans des loges ou dans des tribunes. Il n'y a pas de tribunes tout au long de l'Enfer Vert, seulement des échafaudages montés par les spectateurs eux-mêmes. La nuit, le circuit est illuminé comme un sapin de Noël, on sens l'odeur des barbecues, des feux de Bengalle ou d'artifices et même du « chit » fumé à droite et à gauche. Le concert spadois par contre est un must, tout comme le son et lumière des GT3 déboulant dans le Raidillon avec parfois quelques gerbes d'étincelles.

7. Stands et paddocks

Le paddock du Ring est bondé. Normal, il n'y a pas de supplément et tout le monde peut y avoir accès. En Belgique, les boxes ont de la moquette et sont dignes de stands de F1. Ici, chaque box est partagé par quatre ou cinq voitures, c'est la bonne franquette et cela fait moins sérieux, plus 24H de Zolder, même si les teams de pointe sont les mêmes. Il y a moins d'hospitality, tout fait moins rangé, moins professionnel. Pourtant des constructeurs même non engagés dans la catégorie de pointe dépensent des fortunes pour leurs invités : c'est le cas notamment de Toyota, Hyundai ou Mini.

8. Prix d'entrée

L'accès général est moins cher à Spa : 50 euros contre 70 ici. Mais il n'y a pas de supplément paddocks. Avec le paddock, Francorchamps est 10 euros plus cher. Depuis cette année, le public peut acheter un ticket jumelant les deux épreuves.

9. Histoire

Les 24H de Spa fêtent cette année leur centenaire. Il s'agira de la 76e édition, tandis qu'on en est à la 52e édition des 24H du Nürburgring, une course au retentissement sans doute un peu moins international.

10. Media

Beaucoup moins de presse internationale pour les 24H du Ring dont l'aura est plus nationale. Les images des 24H du Ring sont pourtant globalement plus impressionnantes en raison de la configuration du circuit et de dépassements parfois très osés avec des GT3 en bagarre zigzaguant autour des autos des plus petites catégories.


Conclusion :

Chacune des épreuves a ses spécificités. Le Nürburgring est plus populaire, plus festif, plus dangereux, mais moins prestigieux, moins huppé. Spa possède un plateau légèrement meilleur et une aura internationale supérieure. Au final, cela vaut vraiment le coup d'assister aux deux

Mots-clés: Endurance Sports Moteur

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