L'humeur de Laurent Zilli : Chinese Pop ?
Il ne se passe pas un jour sans que les marques chinoises fassent l’objet d'au moins 3 ou 4 « nouvelles ». Et il s’agit souvent d’un tout nouveau modèle. Parfois, c’est le tout nouveau modèle d’une marque créée quelques mois plus tôt et qui a déjà d’autres modèles au catalogue. Parfois, c’est le modèle inaugural d’une nouvelle marque. Un jour, j’ai levé la tête et je me suis demandé : « Mais attends, y en combien, des marques !? ».
Petite recherche toute simple sur Internet : « Chinese Automotive Groups ». Le résultat est ahurissant : une bonne cinquantaine de groupes ! On en connaît certains, comme BYD, Geely, SAIC, Great Wall, BAIC, DongFeng, etc. La plupart du temps, ces groupes possèdent plusieurs marques. Quand je dis plusieurs, ça peut être une dizaine. Vous me direz que Stellantis en possède 14, mais c’est une exception, et toutes les marques ne sont pas actives sur tous les marchés. Ce n’est pas tout ! Certaines de ces marques proposent un nombre de modèles à faire pâlir Mercedes et BMW, quand ils étaient au top de leur rivalité, et qu’ils cherchaient à occuper le moindre sous-segment possible et imaginable. Mercedes et BMW ont aujourd’hui décidé de rationnaliser, les Chinois, manifestement, non. Et ça bouge si vite que le nouveau SUV d’une nouvelle marque de BYD sur lequel je suis tombé cet après-midi n’est pas encore répertorié dans les listes citées plus haut. Et pourtant, les show-rooms sont déjà en construction.
Avec tout ça, je me pose une autre question : comment font-ils pour que ça soit rentable ? OK, ils ont le plus grand marché local du monde, et ils sont occupés à conquérir la planète. OK, ils produisent pour moins cher que les autres et sont à la source de tout ce qui est électrique. OK, ils font probablement d’énormes économies d’échelle. N’empêchent que les technologies partagées revêtent des centaines de carrosseries différentes, et que jusqu’à preuve du contraire, développer l’outil de production de carrosseries, ça coûte des sous.
Bulle
La réponse est à mon avis qu’ils ne sont PAS rentables. Du moins pas tous, loin de là. La question est de savoir à quel point les subsides de l’État chinois maintiennent cette industrie à flots. La Commission européenne a en tout cas bien raison (pour une fois) de vouloir étudier le sujet. Le fait est que l’industrie auto chinoise grossit à une vitesse exponentielle, tandis que les Chinois, refroidis par les confinements à répétition de la crise du Covid, ne consomment plus avec autant d’insouciance. Et quand une industrie grossit de façon apparemment incontrôlée, sans garantie de pouvoir écouler ce qu’elle produit, on appelle ça comment ? Une bulle. Or le propre de la bulle, c’est de finir par exploser. Immobilier, technologie, secteur bancaire et financier : les exemples récents ne manquent pas. L’automobile chinoise est-elle une bulle qui finira par faire POP ? Pas impossible…
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